CIVIL WAR
1861-1865 LA « GUERRE DE SÉCESSION » AUX ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE ET LA NAISSANCE D’UNE PUISSANCE INDUSTRIELLE
Acte IV.
LA « GUERRE DU PEUPLE »
La formule, (Von MOLKTE, 1890), décrit la dimension sociale de la guerre industrielle. La dimension sociétale de la guerre prit, durant la guerre civile américaine, un tour inégalé.
Commencée sous les atours d’une simple question juridique (Les États ont-ils le droit de sortir de la fédération ?) la guerre civile américaine devint une guerre de civilisation : les Confédérés défendaient le droit à l’esclavage, garant selon eux de leur prospérité, les Unionistes voulaient détruire l’esclavage et la société qu’il portait. Dès lors la guerre ne fut plus une « guerre de ministres » mais bien une guerre du peuple.
Et comme aucun des deux camps ne pouvait se permettre de perdre la guerre sans tout perdre, la guerre devint une guerre totale. Chaque camp mobilisa la totalité des ressources disponibles : un tiers des hommes du Sud fut enrôlé, soit entre 800 000 et un million d’hommes. Paradoxalement, chaque camp admit de fouler aux pieds les piliers de sa société pour vaincre : au Nord l’habeas corpus, pilier du droit privé et public anglo-saxon, fut bafoué à de nombreuses reprises, au Sud on mobilisa par conscription obligatoire (1862), puis on mobilisa les esclaves et ils finirent par être enrôlés à leur tour.
De totale, la guerre devint inexpiable : le raid de Sherman en Géorgie (1864), où sa cavalerie pilla et brûla tout sur son passage du Mississippi à l’Océan Atlantique, fut imaginé comme une opération de destruction du potentiel militaire ennemi, mais servit aussi des intérêts politiques de propagande et de mise en garde. La guerre prit alors la dimension d’une guerre psychologique contre la population. Ce que l’historie Mac Pherson appela « la guerre sans remord ». Si les civils furent rarement prit gratuitement pour cible, leurs biens furent pillés par les deux camps, voire détruit, et ce systématiquement.
Dans cette guerre psychologique, la presse et l’opinion publique furent les principaux champs de bataille. La pression des médias décida des opérations militaires, et entraîna nomination ou destitution des généraux. Les photographes des deux camps furent tous accueillis favorablement car ils témoignaient des efforts consentis par les combattants pour assurer à leur nation la victoire qui se dérobait toujours.
Au Nord comme au Sud les hommes qui combattirent furent des amateurs : si au Sud la majorité des généraux étaient des West Pointers, leurs hommes étaient des fermiers, souvent pauvres et rarement propriétaires d’esclaves, la plupart équipés et armés à leurs frais, ou à celui de généreux donateurs. Au Nord, les immigrés comme les Allemands (10% de la population américaine, 20% en comptant ceux qui avaient un parent allemand) ou les Italiens (Souvent de New York) constituèrent des brigades entières. Les troupes élisaient leurs officiers, sur le modèle de la guerre d’Indépendance (1776-1782) qui devint la référence historique des sudistes comme des nordistes.
Dans cette guerre de masse, la logistique joua un rôle majeur : trains et charrois de l’intendance conditionnèrent la victoire, À ce titre la capacité du Nord de produire le plus et le plus vite des armes et des équipements (50% du budget fédéral de la guerre) joua un rôle clé dans la victoire.
Cette nouvelle guerre enfanta de nouveaux généraux. Lee et Grant étaient souvent très en retrait des opérations, attendant le maximum d’informations avant d’engager des mouvements, confiant dans la capacité d’adaptation et d’innovation de leurs subordonnées. À ce titre, avec Sherman et Sheridan, Grant fut mieux servit que Lee.
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5 CIVIL WAR IV La guerre du peuple
© Erwan BERTHO (2013, 2014, révision 2019)
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