AFRIQUE, CROISSANCE & MONDIALISATION
L’Afrique depuis une dizaine d’année connaît une forte croissance très inégalement distribuée
EN AFRIQUE, UNE CROISSANCE SOUTENUE MAIS INÉGALE.
Depuis 2000 la croissance du PIB est soutenue en Afrique. + 5% en moyenne continentale contre +3% pour le reste du monde. En raison de la forte croissance démographique la croissance du PIB/hab est plus modeste (+2,7% en Afrique contre 1,2% dans le monde). Les inégalités sont très fortes : Angola, Ghana, Égypte, Kenya connaissent des croissances supérieures à 6%, et la République Démocratique du Congo (RDC) une croissance supérieure à 8%. On le voit c’est la géographie des matières premières et de l’ouverture maritime qui guide la répartition de la croissance. Les cours des matières premières agricoles (Thé et roses du Kenya…) et minières (Coltan de RDC) et la question sécuritaire soutiennent les taux de croissance.
En règle générale les fruits de la croissance sont très mal répartis : sur la cinquantaine de pays africains 8 offrent des PIB/hab supérieurs à 4,000$ (Algérie, Tunisie et Libye au Nord, Gabon et Guinée équatoriale en Afrique centrale et l’Afrique du Sud, la Namibie et le Botswana en Afrique australe). Dans les pays en forte croissance comme la RDC le PIB/hab est inférieur à 500$ ! Au Congo Brazzaville (PIB/hab supérieur à 4,000$) plus de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Les fruits de la croissance sont captés par l’État, les oligarchies administratives et commerciales et les mafias, parfois par des réseaux combinant les trois.
LES ÉCONOMIES AFRICAINES TOUJOURS DÉPENDANTES.
La croissance africaine s’est d’abord désincarcérée du poids de la dette : celle-ci est passée d’un montant voisinant les 65% du PIB (2000) à un montant équivalent à moins de 20%, résultat des politiques d’annulation des dettes entreprises dans les années 2000. Mais la croissance africaine reste dépendante des matières premières : les produits primaires représentent 55% des exportations. Les exportations de minerais représentent 4% du PIB, celles des combustibles (Charbon et hydrocarbures) près de 10% quand les exportations de produits agricoles tombaient de 2 à 1% du PIB. Dépendantes des cours des matières premières, les économies africaines sont aussi dépendantes des flux financiers étrangers : l’aide publique au développement représente 5% du PIB (Mais elle en représentait 7% en 1991). Les migrants envoient pour un montant de près de 2,5% du PIB (Contre 0,5% en 1980) et constituent une source non-négligeable de capitaux pour certains pays (Mali, Sénégal) en particulier dans le domaine du développement rural.
Mais derrière le renforcement de la dépendance financière se cache une mutation profonde des acteurs de l’investissement en Afrique. Après avoir atteint presque 5% du PIB africain les investissements directs étrangers (IDE) se stabilisent aux alentours des 3% (2010). La part des pays émergents (Brésil, Chine et Inde) dans les investissements en Afrique est passée de 20% au début de la décennie à près de 40%. Ne parle-t-on pas maintenant de « Chinafrique » ?
UNE CROISSANCE SOUTENUE MAIS PEU SOUTENABLE.
Même si l’empreinte écologique (En hectare, mesure synthétique des ressources naturelles consommées) des Africains est la plus faible au monde (1 hectare par habitant et par an) les atteintes à l’environnement remettent en question le modèle de développement extensif choisi par ou pour l’Afrique. Près de 4 millions d’hectares de forêt disparaissent chaque année en Afrique et 50% de la déforestation mondiale s’y effectue dorénavant. En dix ans le couvert forestier est passé de 710 millions d’hectares à 675, soit une perte de 35 millions d’hectares en dix ans. L’empreinte écologique totale de l’Afrique croissant proportionnellement à sa population et sa population croissant encore très fortement (300 millions d’habitants aux indépendances et 900 aujourd’hui) il faudra envisager une nouvelle manière d’assurer la croissance.
SOURCES :
Cette synthèse est réalisée à partir de :
DOMERGUE (Manuel), « Afrique : croissance et déséquilibres. », in, novembre 2011, Alternatives économiques. , Hors-série n°90, 4e trimestre 2011, Première partie « Le monde en crise. », page 20&21.
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Zoom sur … – L’Afrique (2013) Croissance & pauvreté?
Schéma – La famine au Niger, du texte au schéma fléché.
Conférences – Marc Dufumier « les agricultures familiales » par Aurélien SUMKA.
Conférences – Julien BRACHET, « Les migrations sahariennes. », restitution par Erwan BERTHO