Tale – HISTOIRE (16), la Chine de Mao : l’affirmation d’un nouvel acteur international
La République Populaire de Chine (RPC) a hérité lors de la prise de Pékin (1949) d’un territoire ruiné par la Seconde Guerre mondiale (1937 en Asie – 1945) et d’une population cruellement éprouvée par 8 années d’une guerre inexpiable (20 millions de morts). Un demi-siècle après la RPC est la deuxième puissance économique mondiale : elle arbitre par ailleurs les rapports de forces géopolitiques en Asie du Sud – Est (Birmanie), du Sud (Sri Lanka) et au Proche-Orient (Crise syrienne). Première réserve de liquidités au monde (Près de 3 000 milliards de US$) elle est désormais la créancière des États-Unis et de l’Union Européenne (UE). Comment la RPC de Mao Zedong est-elle passée du statut de pays du Tiers-Monde (1950’) au rang de puissance mondiale ? La période comprise entre 1949 et 1979 est marquée par la personnalité charismatique et ambigüe de MAO : la Chine semble alterner les périodes de crises intérieures dures alors qu’un rayonnement international croissant en fait le troisième interlocuteur géopolitique après les États-Unis et l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS).
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La période 1949 – 1966 est marquée par la personnalité charismatique et ambigüe de MAO : la Chine semble alterner les périodes de crises intérieures dures alors qu’un rayonnement international croissant en fait le troisième interlocuteur géopolitique après les États-Unis et l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS).
Comme dans tous les pays communistes du second XXe siècle, la direction de la Chine communiste est duale : aux côtés des institutions de l’État et des administrations, le Parti Communiste Chinois (PCC) est chargé de la définition des orientations politiques et de la surveillance des fonctionnaires et de la population. Or ce PCC a lui-même une direction collective (Le Comité Central et son Bureau Politique). Si MAO prend facilement la tête de la Chine communiste (1949) et devient président du PCC, puis de la République Populaire de Chine (RPC, 1954-1957), l’appareil central du PCC est traversé par une opposition entre des dirigeants pragmatiques et favorables à une marche progressive vers le communisme, et des radicaux favorables à la collectivisation rapide de l’ensemble de la société. La ligne radicale de MAO l’emporte. Il entend mener une révolution afin de moderniser son pays et d’en faire une puissance à l’échelle mondiale.
Dès 1949, la République Populaire de Chine tente de peser dans la géopolitique de la Guerre Froide. Elle apporte une aide logistique à l’Armée Populaire du Vietnam d’HÔ-CHI-MINH. C’est par la Chine que les armes soviétiques parviennent aux combattants vietnamiens qui affrontent le Corps Expéditionnaire Français en Indochine, ce qui aboutit à la victoire du Parti Communiste du Vietnam à Dien-Bien-Phu en 1954. Dans le même temps, l’Armée Populaire de Libération envoie 250 000 volontaires combattre en Corée aux côtés des combattants communistes de Corée du Nord. L’aide chinoise aux communistes coréens lui vaut de perdre en 1951 son siège de membre permanent du Conseil de Sécurité à l’Organisation des Nations Unies, siège qui échoit à Taïwan, le rival nationaliste proaméricain de la RPC. En 1955, ZHOU Enlai, Ministre des Affaires étrangères de la RPC, représente son pays à la conférence de Bandoeng en Indonésie. Il anime, aux côtés d’autres leaders du Tiers-Monde, le Mouvement des Non – Alignés. La Chine est alors le meilleur allié de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) en Asie. Un traité d’assistance et de coopération est signé en 1957 et apporte à la Chine l’équivalent de 300 millions de dollars d’aide, sous forme d’armes, de techniciens et de machines. La Chine se tourne vers l’Afrique : en 1965 ZHOU Enlai est en visite officielle en Tanzanie où Julius NYERERE installe un « socialisme africain ».
Les premières mesures économiques et sociales du PCC à partir de 1949 furent positivement accueillies : partage des 47 millions d’hectares de terres des grands propriétaires et des monastères pour 70 millions de paysans, égalité des sexes, reconstruction du patrimoine industriel, nationalisation des entreprises étrangères, lutte contre la corruption et le trafic d’opium. Entre 1953 et 1955 les productions agricoles et industrielles avaient dépassé les meilleurs niveaux d’avant-guerre. Les opposants à la collectivisation sont arrêtés. La « campagne des cent fleurs » menée en 1957 a entraîné une purge des universités et des milieux artistiques et littéraires, et de nombreux intellectuels chinois et des étudiants furent déportés dans les camps de travail (lao gai) mis en place sur le modèle soviétique. Fort de sa mainmise sur l’appareil du parti, MAO décida d’une politique accélérée d’industrialisation. Ce fut le « Grand bond en avant » (1958-1960). Le Grand bond en avant consistait en une politique d’industrialisation accélérée : l’objectif était de rattraper le niveau des pays occidentaux en moins de 15 ans. Les paysans furent mobilisés dans des petites usines sidérurgiques : on leur demandait d’effectuer les travaux des champs et des usines en même temps. Ce fut une catastrophe humanitaire majeure : le déficit céréalier était tel qu’entre 15 et 20 millions de Chinois sont morts de faim.
MAO fut en conséquence écarté de la direction de l’État. L’équipe des réformateurs emmenée par DENG XIAOPING pu reprendre le pouvoir. Mais dès 1966 MAO lança la « Révolution culturelle prolétarienne », une campagne de critique des cadres du PCC par la jeunesse. Pénétrés de la pensée de MAO édité par l’Armée Populaire de Libération sous la forme d’un « petit livre rouge » les « Gardes rouges » s’acharnèrent sur les responsables du PCC et des universités. Le désordre fut tel que l’APL fut obligée d’intervenir pour ramener l’ordre en déportant des milliers de « Gardes rouges » à la campagne pour des années de rééducation politique et d’autocritique. Mais MAO avait repris la direction de l’État.
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Bien qu’affaiblie par des crises majeures et meurtrières qui ébranlent la société, la Chine voit entre 1949 et 1966 son rayonnement politique et diplomatique croître.
MAO refuse la déstalinisation initiée par Nikita KHROUCHTCHEV et refuse la politique de « coexistence pacifique » (1956-1965) puis la « Détente » (1965-1979) menée par son successeur Leonid BREJNEV. La Chine qui possède l’arme atomique depuis 1964 et commence à être reconnue par les puissances occidentales coupe les ponts avec l’URSS. La zone d’influence de la République populaire de Chine en Asie s’étend. L’armée chinoise défait l’URSS en Mongolie (1968-1969). Ce territoire est désormais intégré à la sphère d’influence chinoise. La RPC soutient les Khmers rouges de POL POT qui prennent le pouvoir au Cambodge (1975-1979).
Pour contrebalancer la perte de l’allié russe, la RPC accepte de renouer le dialogue avec les États-Unis de NIXON qui cherchent à sortir de la Guerre du Vietnam (1962-1975). En 1971 la RPC retrouve son siège à l’ONU et en 1972 MAO accueille NIXON à Pékin et appuie les négociations entre le Nord-Vietnam communistes et les Américains (Traité de Paris, 1972). Mais la rupture avec Moscou laisse la Chine isolée. Quelques pays occidentaux, dont la France du général de Gaulle, nouent des liens avec elle, mais elle est privée d’alliés en dehors de l’Albanie, de la Corée du Nord et du Cambodge.
L’audience de la Chine en Occident est néanmoins forte auprès de la jeunesse d’extrême-gauche qui se réclame du maoïsme. Pour eux c’est un modèle communiste alternatif au stalinisme. Le quotidien français Libération se réclame du maoïsme à ses débuts.
La République de Chine connait toujours d’importants problèmes de développement. Les défis à relever dans les domaines de l’agriculture, de l’éducation et de la santé sont de taille tant la croissance démographique est rapide. La population a presque doublé en trente ans. La masse constitue une force de travail potentiellement mobilisable dans l’industrie.
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Dans les années 1970, la Chine retrouve son influence régionale et jouit d’une aura internationale mais reste isolée et continue à faire face à d’importants problèmes de développement. L’année 1979 est un véritable tournant. DENG XIAOPING, nouveau secrétaire général du Parti Communiste Chinois lance les « Quatre modernisations ». Il facilite l’ouverture économique de son pays et son affirmation comme puissance mondiale.
© Souleymane ALI YÉRO, Erwan BERTHO & Ronan KOSSOU (2020)
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