Tale – HISTOIRE (1), Les causes de la crise de 1929.
La crise économique de 1929 n’est ni la première crise économique de l’âge industriel ni la première à être mondiale : mais c’est la première à être reconnue comme systémique, c’est-à-dire que pour la première fois les décideurs admettent que les mécanismes du marché libéral ne sont plus capables à eux seuls de revenir à l’équilibre. De nouvelles manières d’appréhender le rôle de l’État sont envisagées.
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Les États-Unis sont depuis la fin du XIXe siècle la première nation industrielle du monde. C’est l’absence d’instruments de mesures de l’activité économique qui rend cette croissance exceptionnelle des États-Unis si difficile à percevoir. Pourtant leur PIB égale celui de la Grande-Bretagne dès les années 1860’ et le dépasse dans les années 1880’. La victoire du Nord sur le Sud (1865), puis la conquête de l’Ouest (1870—1880’) permettent le développement d’un système bancaire très développé, et dope la croissance industrielle. Pendant les premières années de la Première Guerre mondiale (1914-1919), les États-Unis s’imposent comme des fournisseurs à l’échelle mondiale. L’effondrement des empires centraux (Allemagne, Autriche-Hongrie, Empire ottoman) leur donne accès aux marchés européens et proche-orientaux tandis que la ruine des vainqueurs comme la France et la Grande-Bretagne leur garantit une puissance de négociation inconnue alors : les États-Unis investissent massivement en Europe, contraignant la France à reculer sans cesse sur la question des réparations que l’Allemagne et l’Autriche lui doivent tandis qu’ils se montrent intraitables sur le paiement des dettes des vainqueurs à leur égard. En surprotégeant les vaincus, ils s’ouvrent des investissements faciles alors que l’activité économique en Autriche et en Allemagne est largement dopée artificiellement par les investissements américains, comme ceux des firmes The Coca Cola Compagnie ou IBM.
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Aux États-Unis même la situation économique repose en grande partie sur le mirage d’une croissance perpétuelle et d’un accès garanti aux prêts. Les révolutions dans le management (Taylorisme) et dans les procédés de production (Fordisme) ont permis la production de masse, le crédit permettant la consommation de masse. Mais les banques américaines ont pris des risques importants en Europe, en soutenant les investissements des compagnies américaines en Autriche et en Allemagne. Le taux d’endettement des ménages et des entreprises américaines et les risques pris par les banques américaines en Europe fragilisent le système bancaire américain. Par ailleurs, une partie de l’argent prêté aux ménages et aux entreprises ne participent pas au financement de l’activité agricole ou industrielle mais la spéculation boursière, car depuis la fin de la Première Guerre mondiale (1919) et l’atténuation de la pandémie de grippe espagnole (1920), les cours de la bourse à New York sont en constante hausse : certains spéculateurs empruntent pour acheter des actions qu’ils comptent revendre ensuite avec une plus value. La moindre secousse financière va donc ruiner les ménages, les banques et les spéculateurs.
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L’effondrement du marché immobilier en Autriche et le relèvement des taux d’intérêt en Grande Bretagne fragilisent les banques américaines, provoquant un vent de panique boursière à New York, mettant les banques et les entreprises en faillites. C’est le krach boursier de 1929 qui entraîne la « Grande Dépression ». Les épargnants sont ruinés. L’économie américaine s’arrête : le chômage explose, la consommation s’effondre, accentuant les faillites d’entreprises et donc le chômage. La misère, terrible, frappe les imaginations. STEINBECK dans Les raisins de la colère (1939) et Dorothea LANGE avec Migrant Mother (1936) en ont donné une vision saisissante. La crise se transmet aux États fournisseurs et clients des États-Unis. La crise de 1929 est mondiale. Les gouvernements ferment les frontières pour protéger leur production, dévaluent leurs monnaies pour rendre leurs produits moins chers, avec comme résultats le protectionnisme généralisé et l’effondrement mondial des monnaies. La réponse égoïste des États a rendu la crise systémique : elle ne peut se résorber seule. En Allemagne les Nazis (1933-1945) réarment pour relancer la machine économique. Aux États-Unis, ROOSEVELT lance une politique de grands travaux, le New Deal.
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La crise de 1929 est donc la résultante d’une situation financière instable, d’un modèle de production et de consommation fondé sur le crédit facile et sur une réponse archaïque des États. La crise fait le jeu des régimes antidémocratiques. Seule la Seconde Guerre mondiale permet de sortir de la crise de 1929 : les commandes des États relancent la production, les chômeurs sont employés ou mobilisés.
© Souleymane ALI YÉRO, Erwan BERTHO & Ronan KOSSOU (2020)
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