PRÉPA BAC – HORIZON ÉTUDES SUPÉRIEURES

Sujets corrigés

DEUXIÈME PARTIE

Le candidat traite les deux exercices proposés (A et B)

Exercice A : Analyse de documents en Histoire : 

La population active, reflet des bouleversements économiques et sociaux. 

En étudiant ces deux documents, montrez et expliquez en quoi les évolutions de la population active reflètent les mutations économiques et sociales en France depuis les années 1950. 

                Les deux documents nous présentent la modernisation de la société et de l’économie française durant le second vingtième siècle, modernisation marquée par la tertiarisation de l’économie et la libération économique et sociale des femmes, libération encore à construire. Le premier des deux documents qui illustrent ces évolutions est un histogramme présentant l’émergence des emplois tertiaires puis leurs poids écrasant (75%) au sein de la population active en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce document statistique est produit par l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE), source fiable pour les données socio-économiques concernant la France. Le deuxième document est un extrait d’article tiré d’une revue patronale Chef d’entreprise magazine (n°16 du 1^er mars 2007). L’article est assez factuel mais il rend compte d’une série d’enquêtes conduite par les pouvoirs publics. Respectivement Oseo, organisme français de promotion de l’innovation et la croissance des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et l’Agence Pour la Création d’Entreprise (APC)E, organismes révélant que la part des femmes dans les fonctions économiques dirigeantes reste modeste. La société française après cinquante années de croissance et de mouvements sociaux de vaste ampleur est-elle finalement si « moderne » ?

                 Au sortir de la Seconde Guerre mondiale (1945) la France est un pays vieux, rural et industriel. Elle entre dans une période (1945-1975) que le sociologue Jean Fourastié appelle « les Trente glorieuses », (Les Trente glorieuses ou la révolution silencieuse, Fayard, 1979), période de forte croissance marquée par la tertiarisation de l’économie et le rajeunissement de sa population (Baby Boom). Si la population active en 1955 se répartissait encore équitablement entre le secteur primaire (Pêche, Mines et Agriculture) qui regroupait 28% des actifs, le secteur secondaire (Industrie, Bâtiment et Travaux Publics – BTP) et le secteur tertiaire (Services et artisanat) qui regroupaient chacun 36% des actifs, vingt ans plus tard la lente mais radicale modernisation de l’économie française s’est mise en route. En 1975 52% des actifs sont employés dans le tertiaire (+44 points de croissance de l’emploi tertiaire), 39% dans le secteur secondaire (+8%) et 9% dans le primaire (- 68%). La croissance de l’emploi tertiaire est aussi le reflet d’une population jeune, urbaine, plus diplômée et mieux formée aux nouvelles techniques de management (influence américaine issue du Plan Marshall et des nouvelles relations économiques libérales qui s‘ensuivirent). C’est aussi le signe d’une forme de désindustrialisation : en 1995, soit vingt ans plus tard encore les emplois industriels ne représentent plus que 28% des actifs, en en 2008 plus que 22% soit une chute de 44 points en trente ans ! Les sites industriels, vieillis par le manque d’investissement des « Trente glorieuses » et sa très forte inflation, n’ont pas supporté les deux chocs pétroliers (1973-1974 et 1979) et le renchérissement en cascade des coûts de production qu’ils générèrent. Les grandes firmes industrielles fermèrent leurs portes (Charbonnages de France comme UNSINOR-SACILOR) et se replièrent sur les activités plus rémunératrices (Comme la famille Wendel qui vendit en 1980 ses parts d’USINOR à l’État complaisant pour se concentrer sur les activités bancaires et financières.) Certaines entreprises industrielles délocalisèrent leur production : c’est le cas de Renault par exemple dont les sites de production sont massivement à l’étranger. Le droit syndical plus souple, les impôts moins élevés (Dumping fiscal et social), les charges patronales et taxes douanières faibles, les impôts sur les sociétés moins élevés, les salaires moins élevés (Un ouvrier chinois gagne au maximum 250€ à Shanghai) expliquent ces délocalisations. Mais la modernisation reste encore un processus en cours. Si les femmes ont fait irruption sur le marché de l’emploi rémunéré comme leurs droits se sont étendus (Droit de vote, autorité parentale conjointe, IVG…) elles restent les premières victimes de discriminations conscientes ou inconscientes (Salaires inférieurs de 25 à 33% à leurs homologues masculins, premières victimes des licenciements, carrière ralenties dans les fonctions dirigeantes). Comme le montre l’enquête d’Oseo, si les femmes représentent 45% de la population active elles ne représentent que 30% des chefs d’entreprises de PME. Et plus les entreprises sont puissantes moins les femmes en sont les managers : 14% des PME de plus de 20 salariés sont dirigées par des femmes, 8% de plus de 50 !

                 Ces deux documents qui photographient la population active française nous montrent la tertiarisation de l’économie et la modernisation de la société, une société qui reste encore marquée parfois par les réflexes machistes.

© Erwan BERTHO (2013, 2017, 2019, 2020)

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