{"id":2889,"date":"2015-10-13T09:34:11","date_gmt":"2015-10-13T08:34:11","guid":{"rendered":"http:\/\/www.hglycee.fr\/?p=2889"},"modified":"2015-10-13T09:34:11","modified_gmt":"2015-10-13T08:34:11","slug":"anthologie-1993-jean-raspail-sept-cavaliers-quiterent-la-ville-au-crepuscule-par-la-porte-de-louest-qui-netait-plus-gardee-au-dela-souvrait-un-monde-peu-connu","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.hglycee.fr\/anthologie-1993-jean-raspail-sept-cavaliers-quiterent-la-ville-au-crepuscule-par-la-porte-de-louest-qui-netait-plus-gardee-au-dela-souvrait-un-monde-peu-connu\/","title":{"rendered":"ANTHOLOGIE – 1993 – Jean RASPAIL, Sept cavaliers quit\u00e8rent la ville au cr\u00e9puscule par la porte de l’Ouest qui n’\u00e9tait plus gard\u00e9e, \u00ab\u00a0Au-del\u00e0 s’ouvrait un monde peu connu…\u00a0\u00bb"},"content":{"rendered":"

\u00ab\u00a0Au-del\u00e0 s\u2019ouvrait un monde peu connu fait de d\u00e9serts et d\u2019oasis lointaines…\u00a0\u00bb<\/strong><\/p>\n

\u00ab\u00a0[\u2026]\u00a0L\u00e0 s\u2019\u00e9tait arr\u00eat\u00e9e autrefois la conqu\u00eate.\u00a0Au-del\u00e0 s\u2019ouvrait un monde peu connu fait de d\u00e9serts et d\u2019oasis lointaines, de lacs miroitants bord\u00e9s de palmeraies, de rivi\u00e8res sauvages disparaissant inexplicablement dans les sables, de mar\u00e9cages peupl\u00e9s d\u2019animaux \u00e9normes se vautrant en troupeaux dans la boue.\u00a0Encore au-del\u00e0, sous un soleil torride, vivaient des millions d\u2019hommes nus, sujets de roitelets f\u00e9roces qui en disposaient \u00e0 leur guise\u2026<\/p>\n

Le parapet d\u00e9labr\u00e9 de la redoute ayant perdu la moiti\u00e9 de sa hauteur, c\u2019est presque en rampant qu\u2019ils s\u2019y avanc\u00e8rent.\u00a0Une rumeur montait de la plaine, faite de mille bruits ind\u00e9finissables qui sont la marque de la vie et o\u00f9 se distinguaient par moments des \u00e9clats de voix, des hennissements de chevaux, ou le roulement d\u2019u charroi.\u00a0[\u2026]\u00a0Le d\u00e9sert \u00e9tait couvert de tentes, de tentes basses comme celles des nomades, de tentes coniques de guerriers, brunes ou au contraire de couleur vive, qui se multipliaient \u00e0 l\u2019infini.\u00a0Certaines \u00e9taient surmont\u00e9es d\u2019oriflammes vertes indiquant la pr\u00e9sence d\u2019un chef.\u00a0Des nuages de sable couraient entre les tentes, signalant le passage d\u2019escadrons.\u00a0On apercevait un ordre dans tout cela.\u00a0L\u2019immense ville de toile apparaissait divis\u00e9e en quartiers, sans doute par tribus, par clans, par r\u00e9giments, et pourtant ce n\u2019\u00e9tait pas seulement une arm\u00e9e qui campait l\u00e0, mais toute une population, compos\u00e9e aussi de femmes et d\u2019enfants, v\u00eatus d\u2019amples robes color\u00e9es, qui poussaient des cris stridents dont le diapason aigu fendait l\u2019air et s\u2019entendait jusqu\u2019au fortin.\u00a0Dans l\u2019herbe jaune et rare, aux lisi\u00e8res, sur une distance consid\u00e9rable, pacageaient des centaines de b\u00eates surveill\u00e9es par des cavaliers en armes, chevaux, mulets, bourricots, dromadaires, chameaux d\u2019Asie \u00e0 double bosse, b\u0153ufs de trait aux cornes \u00e9gyptiennes, et toute une viande de boucherie sur pied, vaches, moutons, ch\u00e8vres, veill\u00e9es par des pa^tres de dis ans.\u00a0Plus loin encore, en arri\u00e8re du camp, les hommes nus, \u00e0 la peau noire de jais, lance et bouclier de cuir \u00e0 la main.\u00a0Ceux-l\u00e0 bivouaquaient en plein air et Silve se souvint qu\u2019\u00e0 l\u2019\u00e9cole de pages, autrefois, au chapitre de l\u2019Histoire ancienne, on apprenait que les peuples guerriers de l\u2019autre c\u00f4t\u00e9 de la Montagne tra\u00eenaient avec eux, dans leurs combats, leurs auxiliaires africains soumis \u00e0 toutes les basses besognes et sacrifi\u00e9s sans \u00e9conomie ni piti\u00e9.<\/p>\n

–\u00a0Les Tch\u00e9tch\u00e8nes, en effet [\u2026]\u00a0Nous avions cru les rayer de l\u2019Histoire et l\u2019Histoire se remet en marche.\u00a0[\u2026]\n

Surgis des profondeurs de deux continents, il y avait les Turcomans, les Oss\u00e8tes, les Wahalis, les Tripolitains, les Az\u00e9ris, les Sandjakiens, les Wadimoussas, les Wahabites, les Hach\u00e9mites, les Turcopoles, les Tadema\u00efts, les N\u2019ajjers, les Rifains, les Chaambas, les Djazairiens, les Annabiens, les Kalmouks, les Kazakhs, les Tartares, les Iakoutes, les Turkm\u00e8nes, les Kairouanais, les Damasc\u00e8nes, les Hedjaziens, les Daglaris, les Stamboulois, les Pers\u00e9poliens, les Tadjicks, les Saouras, les Adjers, les Husseinites, les Palestins, les Abbassides, les Karmathes, les Sanaans, les Patchans, les K\u00e9ophr\u00e8nes, et toutes les tribus noires qu\u2019ils avaient asservis, les bambaras, les Nil\u00f4tes, les Youroubas, les Oulofs, les Swahilis, les Malenk\u00e9s, les Aithiops, les Issas, les Coptasiens, les Toubous, les Foutas, les Gor\u00e9ens et tant d\u2019autres o\u00f9 s\u2019\u00e9taient \u00e9chin\u00e9s, pendant des d\u00e9cennies, des g\u00e9n\u00e9rations de missionnaires envoy\u00e9s par les archev\u00eaques de la Ville, vivant de rien, souffrant, mourant, et pr\u00eachant la charit\u00e9…\u00a0[\u2026]\n

\u00ab\u00a0Six cavaliers descendirent de la Montagne au cr\u00e9puscule.\u00a0Dieu avait eu piti\u00e9 du septi\u00e8me qui chevauchait les nu\u00e9es, pour l\u2019\u00e9ternit\u00e9, \u00e0 la poursuite des Tch\u00e9tch\u00e8nes.\u00a0\u00bb\u00a0[\u2026]\u00a0\u00bb<\/p>\n

RASPAIL<\/strong> (Jean), Sept cavaliers quitt\u00e8rent la ville au cr\u00e9puscule par la porte de l\u2019Ouest qui n\u2019\u00e9tait plus gard\u00e9e<\/em>, 1993, Paris, roman paru aux \u00e9ditions Robert Laffont, 227 pages, pages 155 \u00e0 158, ISBN 978-2-221-10007-3.<\/p>\n

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\u00ab\u00a0Au-del\u00e0 s\u2019ouvrait un monde peu connu fait de d\u00e9serts et d\u2019oasis lointaines…\u00a0\u00bb \u00ab\u00a0[\u2026]\u00a0L\u00e0 s\u2019\u00e9tait arr\u00eat\u00e9e autrefois la conqu\u00eate.\u00a0Au-del\u00e0 s\u2019ouvrait un monde peu connu fait de d\u00e9serts et d\u2019oasis lointaines, de lacs miroitants bord\u00e9s de palmeraies,<\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[245],"tags":[76,445,763,1378,2041,2654,2655,2656,2657,2658,3368,2659],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/www.hglycee.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/2889"}],"collection":[{"href":"https:\/\/www.hglycee.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/www.hglycee.fr\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.hglycee.fr\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/www.hglycee.fr\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=2889"}],"version-history":[{"count":1,"href":"https:\/\/www.hglycee.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/2889\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":2890,"href":"https:\/\/www.hglycee.fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/2889\/revisions\/2890"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/www.hglycee.fr\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=2889"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/www.hglycee.fr\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=2889"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/www.hglycee.fr\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=2889"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}