CIVIL WAR
1861-1865 LA « GUERRE DE SÉCESSION » AUX ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE ET LA NAISSANCE D’UNE PUISSANCE INDUSTRIELLE
Acte II.
ESCLAVAGE, GUERRE & QUESTION DOUANIÈRE
Le déclenchement de la guerre civile (appelée en Europe la « Guerre de Sécession » et qu’on appelle au Sud des États-Unis la « Guerre des États ») est la résultante de plusieurs facteurs complexes : question servile, crise économique, question douanière, exaspération des tensions sur un demi-siècle de difficile cohabitation entre États du Nord et du Sud…
La question servile envenime le débat politique depuis l’indépendance. Certains États (Comme la Pennsylvanie) ne l’ont jamais tolérée et procèdent à l’émancipation de facto de tout esclave sur leur territoire. Des hommes politiques influents comme THOMAS JEFFERSON(Président américain, rédacteur de la Déclaration d’indépendance, 4 juillet 1776, Philadelphie) ont milité pour l’émancipation.
Un compromis fragile a été trouvé. La question servile est considérée comme une question domestique, du ressort des États et non du pouvoir fédéral. Cela permettait de préserver l’esclavage dans les États du Sud sans obliger les autres États à l’accepter. Ce compromis posait plus de problèmes qu’il n’en résolvait. Parce que les maîtres voulaient pouvoir se rendre avec leurs esclaves dans des États abolitionnistes. Parce qu’ils exigeaient qu’on leur rende leurs esclaves en fuite, au nom du droit à la propriété. Parce qu’enfin de nouveaux États (Texas, Kansas…) étaient rentrés dans l’Union et qu’il fallait statuer sur la légalité de l’esclavage dans leur territoire.
Un nouveau compromis (1850) fut trouvé. On traça une ligne imaginaire courant de l’Atlantique au Pacifique séparant les États esclavagistes et abolitionnistes. Tous les États créés au Sud de cette ligne pourraient être esclavagistes. C’était la ligne MASSON-DIXXON.
Si la question servile avait été l’unique cause des tensions la ligne MASSON-DIXXON était la solution d’apaisement. Mais d’autres sources de tensions se surajoutèrent. Les hommes nouveaux venus des États de l’Ouest ne se reconnaissaient plus dans les divisions politiques traditionnelles et fondèrent un nouveau parti, le Parti Républicain, désireux d’affirmer la puissance de l’État fédéral. Ce projet politique était sacrilège aux yeux des planteurs du Sud pour qui la seule cellule politique viable était la cellule familiale de la plantation.
Les guerres en Europe (Crimée 1854-1856, Italie 1857-1859…) avaient stimulé le commerce céréalier et industriel des États du Nord. Mais une fois la paix revenue (1859) l’économie américaine entra dans une crise de reconversion qui affecta l’économie industrielle du Nord. Les patrons et les artisans souhaitaient une fermeture des frontières afin de reconstituer leur puissance. Les planteurs au contraire dépendants de la Grande Bretagne, leur première cliente, souhaitaient une ouverture commerciale plus grande encore.
Finalement la question sous-jacente était celle du leadership de la fédération. Qui des hommes nouveaux de l’Ouest, de la vielle aristocratie sudiste ou de la bourgeoisie nordiste de « Nouvelle Angleterre » allait assurer la direction des États-Unis d’Amérique. Les élections de 1860 furent nettes : ABRAHAM LINCOLN n’avait emporté aucun État du Sud mais tous les États du Nord, recueillant seulement 40% des suffrages populaires mais la majorité des grands électeurs (Car élu dans les États du Nord, les plus peuplés).
Entraînés par un fort sentiment de supériorité morale et économique (Le « Roi coton » ne connaissait pas la crise) les États du Sud devenaient « rebelles » (8 millions d’habitants dont 50% d’esclaves). Ils déclaraient la guerre à 24 millions d’ouvriers et de paysans eux aussi convaincus de la justesse morale de leur cause mais aussi de sa légalité. Car le coup de canon initial tiré à Charleston était une agression rebelle contre un gouvernement légal.
© Erwan BERTHO (2013, 2014, révision 2019)
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