CIVIL WAR
1861-1865 LA « GUERRE DE SÉCESSION » AUX ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE ET LA NAISSANCE D’UNE PUISSANCE INDUSTRIELLE
Acte III.
UNE GUERRE INDUSTRIELLE
Le déclenchement de la guerre civile (1861) prenait tous les protagonistes au dépourvu. L’armée fédérale américaine comptait 20,000 hommes répartis sur 5,000 kilomètres de frontières, parfois distants pour ceux qui étaient en Californie de près de 2,000 kilomètres de terres indiennes situées en dehors de la fédération. L’écrasante majorité des officiers étaient des West pointers sudistes qui prirent fait et cause pour la confédération.
Le général en chef, SCOTT, avait fait la guerre en 1812 ! La seule guerre menée depuis l’avait été contre le Mexique (1848), mais avait impliquée des unités très réduites. Les principaux généraux de la guerre civile s’y étaient d’ailleurs côtoyés. Le gouvernement fédéral dut donc procéder simultanément à la levée d’une armée, à son équipement, à son entraînement, à son acheminement et à son commandement. Tâche impossible qui ne fut menée qu’en deux ans.
Le Nord mobilisa près de 3 millions d’hommes dont 10% perdirent la vie. Le Sud mobilisa 50% de sa population masculine. Pour équiper de telles masses d’hommes la logistique et l’intendance devinrent les services névralgiques de la guerre. Habiller des armées de cette taille par exemple imposa l’abandon de l’uniforme taillé, pour des uniformes standards, d’où l’invention des « tailles » (M, L, X et XL), produits de la Guerre de Sécession appelées à une fortune mondiale.
Il fallu également maîtriser les distances. Les voies ferrées furent les axes de transports stratégiques. Les corps d’armées devaient se déplacer sur des distances importantes (2,000 km de Washington à la Nouvelle Orléans en contournant les lignes confédérées !) et les trains étaient des atouts précieux. Le Sud était sérieusement handicapé : chaque compagnie avait son propre écartement de rail et les soldats, les canons et les caisses d’approvisionnement devaient changer de convois quand on passait du réseau d’une compagnie à celui d’une autre !
Les services du génie militaire de l’Union apprirent à bâtir des ponts de chemin de fer en moins de dix jours. La logistique dut nourrir et loger près des deux millions de combattants de l’Union pendant 4 ans. Mais aussi livrer les charriots, les munitions, les chevaux (Une armée de 120,000 hommes en emportait près de 40,000 qu’il fallait nourrir également), et gérer les payes ! À la fin de la guerre l’US Army avait le meilleur service logistique du monde. Et c’est encore largement vrai. L’armée de l’Union mis en place un service de 2,000 télégraphistes qui installaient les lignes au plus près des combats, dans les branches des arbres si les poteaux manquaient. Plus de 200 d’entre eux périrent au combat.
Les industries du Nord comme du Sud produisirent plus, mais également et surtout produisirent des armes nouvelles : navires cuirassés, sous-marins, mitrailleuses (Comme la Gatling), des fusils à chargement semi-automatique (Comme la carabine Winchester). Mais c’est la capacité des usines du Nord à produire en masse qui fit la différence.
Sur les champs de bataille les scènes napoléoniennes avaient disparu rapidement : tranchées, parapets, batterie d’artillerie de siège remplacèrent les lignes de combattants. Le fusil à canon rayé (Et à balle MINNIÉ)qui déportait la distance létale de 100 à 400 mètres et multipliait par 4 les tués lors des charges d’infanterie.
L’incapacité des généraux à saisir et à utiliser les innovations de la guerre industrielle explique que les batailles furent sanglantes (50,000 morts et blessés à Gettysburg, juillet 1863) et indécises, voire inutiles sur le plan stratégique. La bataille décisive n’avait plus sa place dans la guerre moderne. La guerre industrielle se révéla être une guerre d’usure.
© Erwan BERTHO (2013, 2014, révision 2019)
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