COMPOSITION
Les dynamiques de la mondialisation : les territoires dans la mondialisation
Une ville mondiale (Étude de cas) : New York, ville mondiale.
Vous montrerez à travers l’étude du cas de New York dans quelles mesures on peut affirmer que les villes mondiales sont les territoires privilégiés de la mondialisation ?
New York est sans doute devenue la ville archétypale. Sa Skyline est légendaire, ses monuments (Statue de la Liberté), ses avenues (Broadway, Ve avenue), ses quartiers mêmes ceux qui ont eu mauvaise réputation sont connus dans le monde entier (Harlem, le Bronx…). Ses drames sont largement partagés par la population mondiale (11 septembre 2001 attentats contre les Twin Towers du World Trade Center), sa place financière (Wall Street) sert de référence mondiale…
New York City est située dans l’État de New York (mais n’en n’est pas la capitale) compte cinq boroughs (Bronx, Manhattan, le Queens, Brooklyn et Staten Island), et 8 millions d’habitants. Mais sa métropole élargie aux banlieues proches (Newark) parfois situées dans des États voisins (New Jersey) compte près de 18 millions d’habitants, son aire urbaine qui déborde sur les États de New York, de Pennsylvanie et du Connecticut compte plus de 25 millions d’habitants, répartis dans 30 comtés et plus de 700 municipalités. Son statut de City lui confère une large autonomie dans les domaines judiciaire, fiscal, sécuritaire et scolaire (entre autre). Saskia SASSEN (Global cities : New York, London, Tokyo, 1991) la définit comme une « ville mondiale », centre d’impulsion de la mondialisation, concentration des fonctions de services hautement spécialisés destinés aux entreprises internationales (Firmes Transnationales, FTN) : c’est le secteur quaternaire. Olivier DOLLFUS (La mondialisation, 1996) en fait une des têtes de réseau de l’Archipel Métropolitain Mondial (AMM).
Dans quelles mesures peut-on affirmer que le rôle de New York dans la mondialisation en fait une ville à part, une des quelques villes mondiales, territoires privilégiés de la mondialisation, d’une nature spécifique dans le paysage urbain mondial ?
New York est une des têtes de réseau de l’AMM, centre d’impulsion de la mondialisation des économies et des cultures (I) mais son organisation spatiale, si elle témoigne d’une très forte insertion dans la mondialisation témoigne aussi de l’inégale intégration de ses territoires dans la mondialisation (II), car tous les New Yorkais ne vivent pas dans le même environnement social et spatial. Cette IIème partie sera constituée d’un schéma de l’organisation spatiale de New York et des dynamiques de ses territoires.
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New York est d’abord un centre d’impulsion majeur de la mondialisation des économies et des cultures : cela se remarque par l’exceptionnelle concentration de centres de commandement économiques et culturels (1), par le rôle de hub et de plateforme multimodale (2) que joue New York, à toutes les échelles, et par le rayonnement d’une ville mythique devenue l’icône du phénomène urbain (3).
New York concentre plus que toutes les autres métropoles et villes mondiales des instances de commandement et de rayonnement à l’échelle planétaire. Sa place financière constituée de deux bourses distinctes (New York Stock Exchange, NYSE, et NASDAQ) est la 1ère place boursière du monde. New York cumule ainsi plus de 26 000 milliards de dollars de capitalisation quotidienne, soit ¼ du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial. 90 000 entreprises de New York sont des filiales de Firmes Transnationales (FTN). Le financial district du Sud de Manhattan représente 30% des emplois de la ville. New York accueille un quart des 1 000 plus puissantes FTN de la planète, devancée seulement par Tokyo sa rivale historique. La puissance de New York se manifeste aussi par le rayonnement de ses universités (Columbia, plus récemment la New York University, NYU, située près des Villages comme Greenwich Village) qui inscrivent chacune plus de 10 000 étudiants étrangers. Dans les friches industrielles rénovées (Chelsea et Soho dans le Downtown, Dumbo et Bushwick dans Brooklyn) des start up s’installent, contribuant à la richesse de la ville (Telle Silicon Alley entre les Villages et Time Square) et à la gentryfication des quartiers populaire et pauvres. Son rayonnement économique (2ème Produit Urbain Brut mondial, PUB) déborde sur les limites de la City de New York, d’abord sur ses proches banlieues (Hoboken, Union City, en partie Newark, siège originel de Verizon, FTN des télécommunications) et plus lointaines comme dans le comté d’Essex (État du New Jersey). Des Edge Cities, nouveaux pôles attractifs attirent une population blanche, riche et diplômée, fuyant les inconvénients de la mégapole mais profitant de son dynamisme. Des Gated Comunities, (Villes fermées aux non résidents) se constituent : comme Llewellyn Park dans le New Jersey, Glenn Cove et North Hills dans l’État de New York. New York exerce également une forte influence mondiale dans le domaine de l’information. Les FTN d’audit et de notation (Moody’s, Standard & Poor…) y déterminent la valeur de entreprises et de la dette des États partout dans le monde, le Wall Street Journal est l’organe de presse financière le plus lu, les chaînes de télévision (CBS, ABC, NBC) sont des géantes mondiales de l’entertainment. Les spectacles de comédies musicales, les pièces de théâtre de Broadway ont une audience internationale.
New York City est aussi la gateway de l’Amérique. La révolution du charbon et de la vapeur, manifeste après la Guerre de Sécession (1860-1865), lui permet de détrôner Charleston. Aujourd’hui, New York est à la tête de l’AMM grâce à un dense réseau de Zones Industrialo-portuaires (ZIP) et d’aéroports internationaux ou domestiques. JFK Airport dans le Sud de Brooklyn, La Guardia dans le Nord du Queens, Newark Liberty Airport sont les principaux hubs internationaux newyorkais. De rangs modestes (JFK International Airport n’est que le 18e aéroport mondial, loin derrière Atlanta et Chicago qui drainent près de 90 millions de passagers par an), leur concentration permet à New York d’être une des principales places aéroportuaires mondiales. Il en va de même pour ses infrastructures portuaires (Port Elizabeth, Port Newark et le Global Terminal dans le New Jersey, les Red Hook de Brooklyn, le New York Container Terminal de Staten island) qui sont toutes de taille modeste mais dont le réseau fait de New York une grande place maritime américaine. Cette situation n’est d’ailleurs pas propre à la ville puisque aucun des ports américains n’est en tête du classement des ports mondiaux, c’est leur densité qui fait le dynamisme des façades pacifique et atlantique). New York est surtout un carrefour majeur de la Megalopolis, la vaste conurbation de la façade atlantique : le BosWash (De Boston dans le Nord à Washington dans le Sud), cœur de l’économie et du pouvoir aux États-Unis. La métropole est par ailleurs parcouru par un dense réseau d’axes terrestres (Métro, bus rapides, autoroutes aérien en banlieue, routes) qui tente de faire face à l’augmentation continu du flot de voyageurs (1,5 millions de New Yorkais passent par Grand Central sur Manhattan). Des ponts (Brooklyn Bridge) relient les différents territoires de la ville. Le risque de fragmentation spatiale est réel : la ville de New York est un assemblage d’îles (Staten Island dans le Sud, Long Island dans l’Est, Manhattan) et d’une péninsule (le Bronx) et rayonne sur des bordures maritimes arrimées au continent (Newark, Union City, Hoboken).
New York est peut-être aussi la ville par excellence. Ses paysages sont connus dans le monde entier, sa Skyline est immédiatement reconnaissable même après la chute des Twin Towers. Les illuminations de Times Square, les bandeaux défilant d’informations financières du financial district, l’étendue verdoyante de Central Park, la Statue de la Liberté, les rues animées d’Harlem, et les immeubles historiques (Flat Iron, Chrisler Building et l’Empire State Building, le siège des aventures de King Kong) font partie du patrimoine visuel mondial, au même titre que la Maison Blanche à Washington ou les pyramides d’Égypte. L’architecture en gratte ciels de Manhattan a servi pour définir l’univers des plus grands héros des Comics Books américain (le Gotham City de Batman, les aventures de Spiderman). Abritant les émois d’une génération (Friends, série de 1994 à 2004) et les questionnements existentiels d’une autre (Sex and the City, série de 1998 à 2004), elle a été maintes fois détruite et reconstruite (Independance Day, film de Roland EMMERICH, 1996) ou sauvée (Avengers, film de Joss WHEDON, 2012) elle est une héroïne des films hollywoodiens plus qu’un cadre (Once Upon a time in America, de Sergio LEONE, 1984). La « ville qui ne dort jamais » chantée par Frank SINATRA (New York) a inspiré des peintres célèbres (Nighthawks d’Edward HOPPER, 1942), des romanciers majeurs (Le bûcher des vanités, de Tom WOLFE, 1987) contribuant ainsi à rehausser encore la renommée de la ville. The Big Apple comme l’a surnommé John SCOTT FITZGERALD (1937) abrite des musées de renommée mondiale (Museum of Modern Art, Metropolitan Museum of Art) qui ont révolutionné la muséographie (Guggenheim Museum) autant qu’ils abritent les toiles les plus révolutionnaires (Andy Warhol au MoMA). Visitée par près de 13 millions de touristes chaque année, New York reste pourtant une grande dévoreuse d’énergie et d’ambition : les destins tragiques de nombre de personnages de fiction (Bad Lieutnant, 1992, King of New York, 1990, d’Abel FERRARA) rappellent que la vie y est dure (La franchise de films d’animation pour enfants Madagascar se faisant un plaisir de le rappeler). 20% des New Yorkais sont pauvres, la moitié d’entre eux travaillent pourtant. Le revenu moyen y est inférieur à la moyenne nationale. Ville des immigrants encore aujourd’hui (Little Odessa), près de 40% des New Yorkais sont nés à l’étranger, 60% d’entre eux ne parlent pas Anglais à la maison.
La IIème partie de la composition est constituée d’un schéma de l’organisation spatiale de New York et des dynamiques de ses territoires.
(Document à insérer dans la composition disponible en téléchargement ci-dessous ou en accès direct ICI.)
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New York est le centre d’impulsion majeur de la mondialisation. Miroir de l’Amérique, porte d’entrée continentale, tête de réseau de l’AMM, elle est aussi le théâtre de très fortes inégalités que le nouveau maire Bill DE BLASIO a promis de réduire.
© Erwan BERTHO (Juin 2017, révision juin 2019).
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COMPOSITION GEOGRAPHIE 2.3.1 corrigée Inegale intégration Ville mondiale New York
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1.0._Realisation_graphique_New_York_ville_mondiale
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