Correction élève
Exercice – Analyse de documents d’Histoire.
Les économies-monde successives (britannique, américaine, multipolaire)
Après avoir brièvement présenté les documents, vous montrerez dans quelles mesures ces documents nous présentent la nouvelle organisation économique mondiale, caractérisée dit-on par « une économie – monde multipolaire ». Vous montrerez également quelles peuvent être les limites de la mondialisation des économies.
Le document intitulé « Le miracle économique japonais » est un article provenant de l’encyclopédie collaborative en ligne Wikipedia. C’est une source fiable car ce site est une encyclopédie réputée pour ses informations diversifiées et vérifiées. Cet extrait montre, ou plutôt vante, le « Boom économique Izanagi », la période de forte croissance économique que connaît le Japon 25 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale (1945) grâce à son insertion dans la mondialisation. Mais cette interconnexion des économies et des cultures, ou du moins les moyens utilisés pour y parvenir, sont critiqué dans le second document intitulé « Mondialisation et inégalités économiques » extrait de La Grande Désillusion (2002) dont le titre traduit bien la pensée de l’auteur, Joseph STIGLITZ qui semble prôner « l’abandon de la mondialisation ». Le document est également une source fiable car Joseph STIGLITZ est un économiste spécialiste de l’économie de l’information et du développement, les problèmes soulevés par la mondialisation ne lui sont donc pas inconnus.
Compte tenu de la fiabilité des deux sources, nous verrons dans quelles mesures ces documents nous présentent la nouvelle organisation économique mondiale dite « multipolaire » ?
Nous verrons dans une première partie l’organisation de l’économie-monde multipolaire avant de présenter dans une seconde partie les limites de ce modèle économique.
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À la fin du XXe siècle, l’économie mondiale n’est plus dominée par une seule économie nationale. Trois grands pôles émergent (Amérique du Nord, Europe de l’Ouest, Asie de l’Est), c’est la « Triade ». Le document intitulé « Le miracle économique japonais » montre la croissance d de l’Est, notamment du Japon : un des phénomènes les plus importants du dernier quart du siècle. Le Japon connaît la plus rapide et la plus forte croissance du PIB par an (Entre 1965 et 1970 avec des taux de 11,5% de croissance du PIB/an). Cette forte croissance de la zone est due à une industrialisation accélérée dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle est aussi la manifestation de l’insertion de la zone dans le processus de mondialisation. En 1964 le Japon accueille les Jeux Olympiques d’été, qui symbolise l’émergence de la société de consommation : les achats de superflu augmentent rapidement. Le niveau de vie de la population locale s’améliore aussi rapidement. En effet le PIB par Habitant (PIB/Hab./$/an) du Japon croit sur le demi-siècle de près de 400%. Les Japonais adoptent la télévision couleur, les voitures, les climatiseurs (Les trois « C » dont parle l’article). Enfin cette insertion dans la mondialisation assure au Japon une hausse de sa richesse (Le Produit National Brut passe de 161 milliards de dollars à 1242 milliards sur la période du « boom Izanagi », passant de 3% à 7% d’un PIB mondial lui aussi en très forte croissance (« Trente Glorieuses »). Si l’émergence du pôle asiatique et des autres pôles de la Triade se traduit par une forte croissance des richesses, ces richesses sont très mal réparties : ce sont les limites principales de la mondialisation.
Au XXe siècle, le modèle libéral est de plus en plus répandu. Il a été adopté par toutes les économies-monde précédentes. Cette idéologie politique prônant les libertés individuelles a entraîné de nombreux bienfaits. Il est d’abord à l’origine du succès de la zone asiatique (Asie orientale) qui rapidement devient « l’Atelier du monde » et s’empare de marchés comme celui de la téléphonie (ZTE en République Populaire de Chine ou Samsung en Corée du Sud). Le libéralisme entraîne également dans un premier temps (1945-1975) une diffusion du modèle keynésien. L’État prend alors à sa charge certaines préoccupations des familles (Santé, retraites, éducation). C’est l’émergence de « l’État-Providence » (1946, France, création de la Sécurité Sociale). Mais cette idéologie demande aussi l’ouverture des frontières et est la cause de nombreuses inégalités. Dans un premier temps la pauvreté augmente rapidement (10% de pauvres en France, soit 400 000 en 2012). Les Pays Anciennement Industrialisés (PAI) sont en situation de crise larvée depuis la fin des années 1970’ (Stagflation) et délaissent alors progressivement le modèle keynésien pour opter pour des modèles les plus libéraux. Ceci entraîne un ralentissement de l’inflation mais engendre une grande pauvreté. Le Fonds Monétaire Internationale (FMI, 1944) diffuse ce modèle libéral ainsi que la Banque mondiale et l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Pour reprendre les explications de Fernand BRAUDEL (La Grammaire des civilisations, 1963), l’économie-monde actuelle correspond à la domination plus ou moins importante d’un centre (Pays Anciennement Industrialisés, et les « nouveaux riches » de la croissance, BRIICS et NPIA-2) sur ses périphéries (Pays émergents, pays en développement) et ses marges (Pays les Moins Avancés) constituées des pays les plus pauvres. Ce système de hiérarchie des pays est d’ailleurs critiqué. Jacob ZUMA, président d’Afrique du Sud, a annoncé lors des sommets Chine-Afrique à Pékin que la tendance devait s’inverser et les pôles devaient aussi acheter des produits manufacturés des pays industrialisés du Sud. Actuellement les pays riches importent des matières premières et exportent des produits manufacturés réalisant ainsi la majeure partie de la valeur ajoutée mondiale. Ils s’assurent ainsi une croissance certaine, qui laisse en marge de la mondialisation les États les plus pauvres. Il serait donc intéressant de voir la pérennité d’un système économique de plus en plus critiqué, y compris par ses promoteurs (FMI, BIRD).
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En définitive, l’économie mondiale est dominée par trois grands pôles (Ce qu’on appelle la « Triade ») qui imposent aux autres pays une mondialisation des cultures et des économies en diffusant également une idéologie le libéralisme. On parle souvent d’une pensée unique qui se diffuse au sein des autres économies. Mais ce modèle économique qui a fait la gloire de certaines régions (Dont l’Asie et notamment le Japon) est à l’origine de nombreuses inégalités et de ce fait est de plus en plus critiqué, et de plus en plus par ses anciens promoteurs.
© SAÏDIL MOCTAR Annaha (octobre 2015)
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DEVOIR N°1 HISTOIRE Mondialisation Stiglitz & le boom Izanagi – Correction SAIDIL