Les définitions
Périurbain
LÉVY (Jacques) et LUSSAULT (Michel), sous la direction de, Dictionnaire de la Géographie et de l’espace des sociétés. , 2003, Paris, aux éditions belin, 1034 pages, résumé de l’article « Périurbain », pages 706 à 708. Disponible au CDI.
Le périurbain est un phénomène caractéristique des villes en Occident : la ville tend sur ses marges à l’étalement urbain, à la ségrégation spatiale et fonctionnelle et à la spécialisation. La densité et la diversité de l’habitat et des activités sont moindres qu’en ville mais le périurbain est toujours fortement accessible à la ville, accessible physiquement mais aussi de manière idéelle car les périurbains sont des citadins dans l’âme.
L’étalement urbain c’est le synonyme d’une densité moindre en termes d’habitat mais aussi d’activités et de population : id est sur une même surface qu’en centre-ville, il y a en banlieue éloignée moins d’emplois, moins d’habitants et moins de bâtiments. Mais le périurbain c’est aussi une ségrégation sociale marquée (Surreprésentation des cadres et des jeunes couples avec enfants en primo accès à la propriété) et une ségrégation fonctionnelle : les espaces périurbains sont peu diversifiés : tel territoire dévolu aux loisirs, tel autre aux achats, tel autre encore à l’habitat.
Les espaces périurbains sont faciles à définir abstraitement mais plus difficiles à localiser : pour certains c’est le couple formé par une discontinuité avec la ville et les liaisons quotidiennes avec la ville qui caractérise l’espace périurbain. Ainsi il faudrait un peu d’espace rural entre le périurbain et la ville. Pour d’autres seul compte les relations des résidents avec leur territoire : les périurbains dorment et mangent chez eux, le reste est fortement marqué par la ville (Achats, loisirs, travail).
Quoiqu’il en soit le périurbain reste en France caractérisé par un nombre de critères restreints : une aire polarisée par des navettes quotidiennes (40% des migrations des périurbains concernent le trajet domicile-travail) avec la ville (Achats, loisirs, travail, amis), un habitat pavillonnaire ultra dominant à peine contrebalancé par des formes nouvelles d’habitat (Petit logement collectif social, etc.), une interface paysagère de type rural (Paysages bucoliques, habitat très dispersé…), des habitants qui restent attachés à la ville et à ses opportunités, propriété d’un jardin privatif, utilisation d’une automobile voire de deux.
Les espaces périurbains en France sont très dynamiques : l’essentiel de la croissance urbaine les concerne. Cela s’explique par le croît démographique naturel de ces espaces, par la généralisation du phénomène d’étalement urbain dans toutes les villes y compris les plus modestes, et par les migrations des classes moyennes chassées des centre villes par le gentrification et des banlieues par leurs représentations négatives. Le peur de ne pas avoir une école jugée « calme » peu aussi inciter des parents à s’installer dans un milieu « d’apparence rural ».
Car la périurbanisation est d’abord un phénomène mental : idéalisation de la campagne (qui symbolise l’âge d’or « d’avant », ce qu’on appelle chez les sociologues « l’habitus néo-rural »), « logique de l’écart » qui conduit les Occidentaux à ségréger fortement toutes leurs activités (Travail, loisirs, habitat, amis qui auparavant appartenaient au même cercle appartiennent maintenant à des cercles distincts), le refus de la servitude communautaire des immeubles, la volonté enfin de vivre entre-soi avec des voisins d’une même classe sociale.
L’espace périurbain est donc l’illustration d’un modèle de réussite sociale (propriété foncière, voiture+jardin+pavillon, voisins fréquentables, école de « bonne réputation ») secrété par la société tout entière et non un simple phénomène urbain. Les forts scores obtenus par les partis « tribuniciens » (Extrême droite et extrême gauche) dans ces espaces laissent penser que le périurbain est bien le refuge de l’individualisme libéral et libertaire et propice à tous les « replis agressifs », replis identitaires observables dans d’autres types d’organisations sociales.
Synthèse et rédaction © Erwan BERTHO (2014, révision février 2017)
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