Crédits photographiques

CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES & ANALYSES

Photographie de droite
Michal OSMENDA, « Kasteel van Groot-Gijgardeen. », 2011, Bruxelles, Belgique
FICHE TECHNIQUE
OSMENDA (Michal), « Kasteel van Groot-Gijgardeen. », 2011, Bruxelles (Brussels), Belgique (Belgium), photographie prise au château de Grand-Bigard, téléchargée du site Wikipedia.fr (« HORTICULTURE ») à partir de Wikicommon, trouvée sur Russavia.
DESCRIPTION
La photographie représente une partie du parc du château (Kasteel) de (van) Grand-Bigard (Groot-Gijgardeen) en Belgique, dans la région flamande, dans la province du Brabant, flamand, à 7 kilomètres à l’Ouest de la capitale fédérale du royaume de Belgique, Bruxelles (Brussels en Flamand), dans la commune de Dilbeek. Au premier plan on voit des rangées de plants de tulipes, une des fleurs emblématiques du monde flamand depuis le milieu du XVIIe siècle, et dont le parc du Château de Grand-Bigard s’est fait une spécialité. En arrière plan un bois aménagé : les arbres sont élagués dans jusqu’à leur milieu, même si en arrière plan on distingue une futaie avec plusieurs étages de végétation.
ANALYSE
Les parcs, qu’ils soient à thèmes ou naturels, qu’ils se rapprochent des jardins publics ou domaniaux, illustrent à leur manière les rapports ambigus des sociétés à la nature. Ici la prise de vue saisie l’ambigüité avec une acuité particulière en présentant au premier plan les rangées de tulipes sagement alignées et donc toutes entières anthropisées et en arrière plan une futaie qui n’a bien sûr que l’apparence de la nature sauvage. La nature est d’abord une construction sociale, et non un système autonome extérieur, comme voulait le penser la philosophie héritée des Grecs et qui opposait un espace social et un espace sauvage. La nature n’est pas un espace extérieur à la société mais une construction de la société elle-même: la nature est donc une construction artificielle qui se trouve donc toujours de plain-pied avec la société qui la produit (LUSSAULT). Chaque société sélectionne ce qui est naturel et ce qui ne l’est pas, mais aussi, dans le monde biophysique, elle sélectionne ce qui est naturel mais connoté positivement, et ce qui est sauvage et connoté négativement.
La forêt ici illustre parfaitement cette variation des connotations. Le mot lui-même remplace le vieux silva romain alors qu’à l’origine la foreste dominicum des rois mérovingiens et carolingiens désignait seulement le territoire à part du roi, qu’il soit landes, silves ou étang. Mais l’idée que la forêt est un territoire à part s’ancre dans la mentalité. Domaine des marginaux (Et des bandits) jusqu’à la fin du XVIIIe siècle (C’est dans la forêt de Bondy que les héroïnes de Sade sont enlevées !) elle est aujourd’hui l’emblème du sursaut écologique, parée de toutes les vertus et reconstituée dans les parcs afin d’attirer le visiteur. On passe alors du parc au « parc naturel ». La forêt, du reste, est très peu souvent naturelle : les forêts dites primaires (Datant d’au moins 12 000 ans c’est-à-dire avant la mise en place de l’agriculture) ne représentent qu’une part minime des 4 milliards d’hectares occupés par la forêt (Un espace occupé à au moins 10% de couverture au sol du houppier, l’ensemble des branches, rameaux et feuilles). Des 50 000 espèces d’arbres (Un tronc bien individualisé contrairement à l’arbrisseau, et une hauteur de plus de 10 mètres contrairement à l’arbuste) la plupart se trouve dans les forêts tropicales (15 000 espèces en Guyane française). Les résineux sont ceux qui ont connu le déclin le plus marqué : des 50 000 espèces du secondaire, il n’en reste plus que 500. Pourtant les arbres, même domestiqués, plantés et intégrés à la filière sylvicole, restent les espèces vivantes les plus grandes (Plus de 100 mètres), les plus grosses (Plus de 1 500 tonnes) et les plus vieilles (Plus de 5 000 ans). Les forêts à l’échelle du globe sont de véritables écosystèmes en elles-mêmes, et du sol à la canopée (La partie supérieure), c’est plusieurs écosystèmes qui se superposent et se complètent. Essentiel au cycle de la vie (Biodiversité, reproduction des espèces, cycle de l’eau et cycle du carbone) leur rôle est plus ambivalent qu’il n’y paraissait : dans les zones relativement à l’écart de la pollution anthropique, les grands ensembles forestiers sont responsables des pluies acides (Concentration d’acide formique dans l’atmosphère) : 87% de la production d’acide formique est produite par l’oxydation des composés organiques volatiles et 5% par les émissions directes des feuilles.
Si les parcs naturels, dont on mesure dès l’origine lors de l’établissement du Yosemite Park (Sierra Nevada, Californie, 1864-1890), le Yellowstone Park (Wyoming, Idaho, Montana, 1872) et de Central Park (Manhattan, New York City, 1860-1873) l’oxymore, sont relativement récents, les jardins dont ils sont voisins sont consubstantiels à la constitution des sociétés sédentaires. Ils en sont même, quand ils potagers ou maraîchers, sans doute à l’origine. De quoi abolir définitivement la séparation entre nature et culture. Le jardin a son festival, à Chaumont-sur-Loire : il est un élément dans l’attractivité des châteaux et des villes. Dans le Val de Loire, comme partout ailleurs et à différentes échelles en Europe, les châteaux se font concurrence. Garder les touristes plus de 5 heures sur un site demande aussi d’avoir des espaces d’agréments et de détente. Le tourisme vert impose aussi un tourisme intelligent : le jardin joue alors un rôle clé dans la différenciation et l’attractivité des espaces touristiques.
Le jardin est nettement séparé des espaces agricoles même s’il en est une déclinaison quand il est potager. Il est clôt, ce qui se traduit souvent en Europe dans l’étymologie, comme dans garden / Gart- la clôture en Anglais. De « simples » dans les monastères, d’agrément à partir de la Renaissance, le jardin est d’abord un espace de travail et de démonstration de savoir-faire. La frontière entre l’intime et le public (Dans le cas des jardins royaux), entre les loisirs et le travail (Dans le cas des jardins potagers) est ténue, comme est ténue la frontière entre nature et culture, comme dans le cas des jardins dits « à l’anglaise ». Les formes irrégulières, les successions impromptues de bosquets et de taillis, les vallonnements et les formes rondes, les jeux de couleurs des plantes et des fruits, les itinéraires sinueux s’opposent aux jeux de perspectives des jardins à l’italienne ou aux allées rectilignes de haies et de parterres des jardins à la française. Ces jardins à l’anglaise n’en sont pourtant pas moins pensés et complètement construits, ne devant rien à la nature mais tout à la conception que les sociétés se font de la nature. Le jardin (Privé ou public) est d’ailleurs paré de vertus toutes sociales : civilité, loisirs, projets politiques ou hygiénistes. Les utopies urbaines accordent toutes une place majeure aux jardins. L’envahissement des espaces publics aujourd’hui par les jardins de toutes sortes témoignent par exemple de notre souci écologique, sinon de notre inquiétude environnementale. Rien de plus géographique, donc, qu’un jardin public !
RÉFÉRENCES
Outre www.Wikipedia.fr, dont sont issues les informations ci-dessus et ci-dessous, vous pourrez consulter les références bibliographiques suivantes proposées par le site :
[1] BUCHER (Anne-Marie) et JAQUET (Martine), Des floralies aux jardins d’art, 2000, aux éditions des Presses Polytechniques et Universitaires Romandes (PPUR) de l’École Polytechnique, collection « Archives de la construction, Suisse, 127 pages. ISBN / EAN 13 : 978-2-8807-4467-0.
[2] CARPENTIER (Laurent), « Comment le Val de Loire est devient un parc à thème ? », in, Paris, 2014, Le Monde, édition datée du vendredi 20 juin 2014, page 10, rubrique « Culture », édition papier.
[3] LÉVY (Jacques) & LUSSAULT (Michel), sous la direction de, Dictionnaire de la Géographie et de l’espace des sociétés. , 2009, Paris, aux éditions Belin, 1034 pages, notamment les articles suivants : celui de Paul ARNOULD et Rodolphe DE KONINCK, « Forêts » (pages 372&373), celui de Rémy KNAFOU « Parcs à thèmes » (686 à 689), celui de Bernard DEBARBIEUX « Parcs naturels » (689&690) celui de Michel LUSSAULT « Nature » (654 à 657) et celui de Christian CALENGE « Jardins » (527 à 629).
Par ailleurs la revue Demeures Historiques et Jardins (1969) a proposé une analyse et un historique des aménagements et de la restauration du château et du parc par l’actuel propriétaire, Raymond Pelgrims de Bigard.
[4] MEGANCK (Marc) et WASSEIGNE (François-Emmanuel de), « Raymond Pelgrims de Bigard (I) », dans : Demeures Historiques et Jardins n° 161, mars 2009, p. 26-38; P302123 Bruxelles X, ISSN 1780-8723.
[5] MEGANCK (Marc) et WASSEIGNE (François-Emmanuel de), « Raymond Pelgrims de Bigard (II) », dans : Demeures Historiques et Jardins n° 162, juin 2009, p. 2-12; P302123 Bruxelles X, ISSN 1780-8723.
[6] MEGANCK (Marc) et WASSEIGNE (François-Emmanuel de), « Raymond Pelgrims de Bigard (III) », dans : Demeures Historiques et Jardins n° 163, septembre 2009, p. 2-8. P302123 Bruxelles X, ISSN 1780-8723.

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