JOUR 2 : Travail sur le manuel de Géographie : « L’émergence de l’Inde, un réel développement ? ».
Vous allez réutiliser les notions vues pour analyser un cas concret d’aménagement à l’échelle nationale. Recopiez les questions dans votre cahier / classeur et répondez aux questions. Relisez-vous soigneusement.
Consigne : Répondez aux questions n°3 et 4 page 131 ET aux questions n°1 et 2 page 133.
- Répondez aux questions n°3 et 4 page 131
Question n°3 page 131 : Quelle politique a accompagné l’émergence indienne ? Pourquoi la réduction de la pauvreté ne semble-t-elle pas être une priorité ?
La politique qui a accompagné l’émergence de l’Inde est une politique libérale, aujourd’hui ultra libérale. Le changement de majorité politique (Hier le Parti du Congrès, historique et acteur de l’indépendance en 1947 et aujourd’hui le BJP, parti nationaliste et xénophobe hindou de Narendra MODI, le Premier Ministre de l’Inde) n’a pas modifié l’approche macro-économique des dirigeants indiens.
En quoi a consisté l’approche néolibérale de l’ouverture économique de l’Inde depuis les années quatre-vingt dix ?
Selon Frédéric LANDY interrogé pour Radio France Internationale (RFI) par Tirthankar CHANDA en 2018, la libéralisation de l’économie indienne a essentiellement constitué en libéralisation du marché de la terre, donc enjeux d’un marché, et de construction de zones franches (Exemptées d’impôts) pour accueillir les investisseurs, notamment étrangers. C’est une recette libérale classique qui ambitionne de créer des emplois à n’importe quel prix, c’est-à-dire quelque soit le type d’emplois, afin d’engager un cycle de croissance qui verra les profits réalisés par les plus riches ruisseler sur l’ensemble de la société. (Théorie du ruissellement).
Cette croissance libérale a-t-elle profité à l’Inde ? Oui, incontestablement : le Revenu National Brut (RNB) par habitant a été multiplié par 5 entre 1990 et 2017 (En tout de même 27 ans), l’espérance de vie a pris 10 ans, et la part d’habitants dans les bidonvilles a été divisé par deux comme la pauvreté. Cependant, les freins sont importants : la part d’emploi des femmes a régressé (Passant de 28% à 24% de la population active), la population est restée rurale (66% de ruraux), la sous-alimentation touche encore 15% des Indiens (Contre 18% en 1990).
La pauvreté est d’ailleurs un des atouts de l’Inde dans un marché du travail mondialisé : la pauvreté en effet constitue une armée de réserve du capitalisme puisqu’elle comprime les salaires à la baisse, oblige les salariés a accepter des salaires très bas, à peu se syndiquer, à rester peu politiser et a accepter des conditions de travail parfois très difficiles. L’Inde s’est ainsi imposée dans des secteurs très divers : médecine, construction navale, équipages navigants sur les porte-conteneurs, informaticiens…
La croissance dans un contexte de mondialisation ne produit pas toujours l’enrichissement de la société et encore moins une réduction des inégalités.
Question n°4 page 131 : Dans quelles domaines les progrès socio-économiques ont-ils été les plus forts ? Les plus faibles ?
Entre le début des années 1990 où commence l’ouverture économique de l’Inde à la mondialisation et 2017 date où les données de la Banque mondiale sont collectées, l’Inde à vu ses grands indicateurs socio-économiques progresser, mais pas à la même vitesse : certains ont connu une importante progression, d’autres une progression moindre, voire ont régressé.
Les progrès économiques et sociaux sont visibles notamment le Revenu National Brut (RNB/hab.) qui a été multiplié par 5, passant de 380US$ en 1990 à 1820US$ en 2017, ou la mortalité infantile qui passe dans le même temps de 126‰ à 39‰, et la part de pauvres et de personnes vivant dans les bidonvilles qui passe approximativement de 50% à 24%. Ces performances sont d’autant plus spectaculaires que dans le même temps la population indienne a augmenté de 50%, faisant de l’Inde avec ses 1 milliards 200 millions d’habitants le deuxième pays le plus peuplé au monde, avec des perspectives de croissance démographique qui en feront en 2050 un pays plus peuplé que la République Populaire de Chine (RPC).
Les progrès économiques et sociaux sont plus modestes dans d’autres domaines : la population reste majoritairement rurale, 66% de la population en 2017, les femmes sont moins présentes sur le marché du travail salarié (24% en 2017 contre 28% en 1990), l’IDH reste modeste (130e rang sur 187 pour une des principales économies émergentes), et surtout la sous-alimentation, au pays qui a inventé la « Révolution verte », chronique : 15% des Indiens sont encore sous-alimentés.
L’insertion dans la mondialisation a donc entraîné un mieux-être moyen mais qui n’a pas modifié les grands équilibres socio-économiques de l’Inde qui reste un pays à la population rurale, pauvre où la place des femmes est subalterne.
- Répondez aux questions n°1 et 2 page 133.
Question n°1 page 133 : Quelles fortes inégalités socio-spatiales sont observables en Inde ?
L’Inde fait partie des marchés émergents à forts potentiels de croissance tels qu’identifiés à la fin des années quatre-vingt dix et regroupés sous l’appellation BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Comme dans tous les pays ayant connu une mutation brutale de son économie et une croissance du PIB forte en peu de temps, les inégalités sociales ont explosé en Inde, un phénomène classique en contexte de mondialisation.
Cependant, les inégalités n’affectent pas tous les groupes socio de la même manière ni uniformément tout le territoire indien.
Les ruraux en général et les agriculteurs en particuliers sont les premières victimes de l’ouverture économique de l’Inde aux marchés mondiaux et de la disparition du rôle central de l’État dans la régulation de l’économie. Au tournant des années quatre-vingt, l’Inde a abandonné son modèle de développement tiers-mondiste autocentrée et socialiste pour adopter un modèle de développement libéral. En conséquence, les aides publiques qui protégeaient les paysans ont disparu, les prix garantis aussi, et nombre de paysans sont aujourd’hui ruinés ou appauvris. Le taux de suicides des paysans indien est un des plus élevé au monde. Pourtant, la pauvreté sévit en ville également : dans Mumbai, la capitale économique du pays, 50% des habitants vivent dans des bidonvilles. Avoir un emploi stable et bien payé ne suffit pas à se loger correctement.
Certaines catégories de la population sont particulièrement victimes de l’inégale répartition des richesses : c’est le cas dans les zones rurales des populations tribales (Les Adivasi) qui vivent généralement dans les régions montagneuses ou de forêt dense et sont souvent victimes des exactions des groupes d’auto-défense ou des groupes de sécurité. C’est le cas aussi des Dalit, les personnes qui se trouvent le plus dans l’échelle religieuse hindoue et sont considérées comme impures. Les Dalit sont victimes des exactions des propriétaires terriens et sont marginalisés à l’extrême. Partout en Inde, les femmes sont victimes des pires exactions : l’Inde reste le pays du viol. Si les femmes manifestent désormais pour mettre fin à l’impunité et pour réclamer plus de droit, les infanticides contre les filles ont fait tomber la part des femmes à 48% de la population totale, or dans une société quand les femmes deviennent rares elles sont plus facilement enfermées par leur famille et victimes de violences. C’est le cas en Inde.
Question n°2 page 133 : Montrez l’inégale répartition géographique de la pauvreté en Inde.
La pauvreté en Inde affecte l’ensemble du pays qui compte 400 millions de pauvres. Pour autant, la pauvreté n’est pas également répartie sur l’ensemble du territoire. Le Sud de l’Inde, qui accueille les grandes entreprises indiennes et étrangères d’informatique et du numérique, est la région la moins pauvre de l’Inde : le Tamil Nadu a un indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) inférieur à 0,05 quand la vallée du Gange dépasse les 0,15 voire pour le Bihar et le Jharkand les 0,2. Si l’enclavement peut-être une explication (Cas de l’Assam sous contrôle militaire étroit, cas du Bihar aux pieds de l’Himalaya), certaines régions (Cachemire, Pendjab indien) sont à la fois des régions de fort contrôle militaire et enclavées et ont des IPM faibles : moins de 0,10 ou 0,5. C’est le cœur hindouiste de l’Inde qui semble le plus frappé par la pauvreté : la structure des castes qui architecture la société hindouiste freine le développement humain.
Il faut cependant relativiser les données de la carte : d’une part la croissance économique de l’Inde est fragile et très dépendante de l’étranger comme l’a montré l’épidémie de COVID-19 qui a mis brutalement des dizaines de millions de travailleurs des villes au chômage dont des centaines de milliers d’ingénieurs informatiques contraints de regagner leurs campagnes d’origine pour survivre. D’autre part les villes ne sont pas uniformément riches : Bombay recèle aussi ses bidonvilles, institutionnalisés en centre-ville, sauvages en périphérie. L’extrême pauvreté côtoie alors l’extrême richesse, marque des pays du Tiers-Monde à la croissance économique inégalitaire, marquée par les survivances des inégalités traditionnelles que la mondialisation renforce plus qu’elle ne les atténue.
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