3e – HISTOIRE – (22) L’intégration politique des femmes.
LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE (GPRF) ORGANISE L’INTÉGRATION POLITIQUE DES FEMMES, FAISANT D’ELLES DES ÉLECTRICES ET DES CITOYENNES ÉLIGIBLES. LES FEMMES FONT UN USAGE MASSIF ET RAPIDE DE LEUR DROIT, ELLES DOIVENT AUX COMBATS MENÉES PAR LEURS AÎNÉES CETTE TARDIVE RECONNAISSANCE. LE CHEMIN RESTE LONG CEPENDANT VERS L’ÉGALITÉ ET LA PARITÉ.
Les femmes françaises accèdent au droit de vote très tardivement (1944) : comment s’intègrent-elles dans la vie politique de l’immédiat après-guerre et à quoi doivent-elles cette reconnaissance politique ?
L’intégration politique des femmes françaises est en marche depuis 1943. Le programme du Conseil National de la Résistance (CNR) fait de l’intégration politique des femmes un des fondements de la reconstruction politique, sociale et économique de la France de l’après guerre. L’ordonnance du 21 avril 1945 fait des femmes françaises des électrices et des citoyennes éligibles (Articles 1, 9 et 17 entre autres). Les femmes françaises votent pour la 1ère fois aux élections municipales d’avril 1945, puis aux législatives de 1945. Elles votent ensuite lors des deux référendums organisées en 1946 (aboutissant à l’adoption de la Constitution d’octobre 1946 instituant la IVe République, dont le préambule rappelle les droits politiques des femmes). L’engagement des femmes dans la Résistances explique en partie cette reconnaissance des femmes dans la reconstruction politique de la République. Si Danièle MITTERRAND, Geneviève ANTHONIOZ-DE GAULLE, Lucie AUBRAC ou Germaine TILLON sont des figures célèbres de femmes résistantes, au même titre que Joséphine BAKER (chevalier de l’ordre de la Libération), elles ont été des milliers à s’engager dans la Libération soit dans les Forces Françaises Libres (FFL), les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) ou les Francs-Tireurs et Partisans (FTP) communistes. Le 21 octobre 1945, 33 femmes élues entrent à la Chambre des députées, instituée Assemblée constituante. Les partis politiques s’adressent rapidement à cette nouvelle moitié du corps électoral et comprennent qu’elles constituent un enjeu politique majeur.
Mais l’intégration des femmes en politique procède d’un long combat des femmes et des féministes, aussi vieux que la République. Les femmes françaises sont parmi les dernières des pays indépendants de l’époque à recevoir le droit de vote : les Iraniennes et les Turques votent depuis les années trente, les Américaines votent depuis 1920, les Allemandes votent depuis 1918… Le « Front Populaire » (1936-1938) avait fait entrer trois femmes au gouvernement, dont Irène JOLIOT-CURIE, brillante scientifique, alors que les femmes ne disposaient même pas du droit de vote. Les « suffragettes » de la « Belle époque » (1896-1914) comme Hubertine AUCLERT avaient déjà mené le combat pour l’égalité politique, parfois en organisant des manifestations musclées, y compris face aux forces de l’ordre. Le XIXe siècle avait été marqué par un engagement fort des femmes en politique, comme en témoigne l’action de Louise MICHEL, institutrice des pauvres, combattante avec les Communards (1870-1871) et déportée en Nouvelle-Calédonie (1871-1880). George SAND, femme de lettres, fait scandale en portant pantalon, collectionnant les amants et refusant le remariage, qualifiant la condition féminine « d’esclavage et […] d’abrutissement », républicaine très engagée en politique elle aussi. Pendant la Révolution française (1789-1799) les femmes avec Olympe de Gouges avaient déjà revendiqué des droits politiques égaux à ceux des hommes.
Si les femmes reçoivent en 1944 le droit de voter et d’être élues, après 155 ans de luttes politiques parfois tragiques, elles restent encore dans les domaines sociaux et économiques cantonnées à des tâches subalternes : la France reste un pays machiste et patriarcal, très en retard sur ses voisins germaniques et nordiques.
ŒUVRES TÉMOIGNAGES
VEIL (Simone), Une vie, 2007, Paris, aux éditions Stock : l’auteur y décrit son parcours idéologique et politique marqué par l’antisémitisme et l’antiféminisme de la classe politique française de son temps.
DATES REPÈRES
1918 Les Allemandes votent – 1932 Les Turques votent – 1934 Les Cubaines votent – 1944 Les Françaises votent.
PERSONNALITÉS DE PREMIER PLAN
CURIE (Marie) Prix Nobel de Physique (1903) et de Chimie (1911) à une époque où les femmes ne sont ni éligibles ni électrices. La France lui doit les 1ères stations de radiothérapie mobiles (1914-1918) – JOLIOT-CURIE (Irène) Prix Nobel de Chimie (1935) elle fut sous-secrétaire d’État à la Recherche scientifique (1936).
© Erwan BERTHO (2016, révision 2018)
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HISTOIRE_22_L’_integration_politique_des_femmes_IV_Republique_1946-1958
Articles complémentaires :
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