3^e – HISTOIRE – (14)  La guerre d’Algérie (1954-1962).

LA GUERRE D’ALGÉRIE (1954-1962) EST UNE GUERRE COLONIALE MENÉE PAR LA FRANCE DANS SA COLONIE DE PEUPLEMENT. LES CRIMES DE GUERRE ET LES ATROCITÉS COMMISES PAR TOUS LES CAMPS FONT DE CETTE GUERRE UNE TRAGÉDIE DONT LA MÉMOIRE HANTE LA FRANCE ET L’ALGÉRIE CONTEMPORAINES. 

Conquise entre 1830 et 1860, l’Algérie est une colonie de peuplement de la France. Intégrée sous la forme de 3 départements français, c’est de jure un territoire français. Mais la situation d’assujettissement juridique des arabes et des Kabyles en fait une colonie très inégalitaire. Comment ce territoire accède-t-il à son indépendance ?

La situation en Algérie en 1945 est marquée par une inégalité qui frappe les Arabes, les Kabyles et les Touaregs (9 millions d’individus), Français de Souche Musulmane selon la terminologie. Le Code de l’Indigénat en fait des citoyens de seconde classe. Relégués sur de mauvaises terres par les « Pieds Noirs », les Musulmans sont pauvres. Les écoles sont rares en zone rurale et les Musulmans sont peu alphabétisés. Souvent aussi pauvres que les citadins arabes, les Pieds Noirs (1 million) sont les principaux acteurs d’un racisme anti-arabe très fort, même s’il est souvent inconscient. Les volontés d’indépendance sont écrasées par la répression (Sétif, 1945) qui fait de nombreuses victimes. Le système électoral laisse aux Pieds Noirs une représentation égale à celle des Musulmans pourtant plus nombreux : les revendications sociales et politiques des Musulmans ont peu de chances d’être entendues. Avec la « Guerre froide » (1947-1991), les leaders du Front de Libération Nationale (FLN) disposent d’appuis, en URSS et en Égypte. La défaite militaire subie en Indochine par la France montre la possibilité d’une indépendance acquise par les armes.

Le 1^er novembre 1954 a lieu la « Toussaint rouge » : le FLN lance une vague d’attentats et d’assassinats contre des objectifs européens, des instituteurs sont exécutés. La Guerre d’Algérie vient de commencer. Pour le Ministre de l’Intérieur François MITTERRAND, la paix ne peut être négociée qu’après la reddition des « terroristes ». L’armée reçoit des pouvoirs spéciaux (1956) et devient de facto l’autorité supérieure en Algérie. Le contingent est envoyé (1957), des supplétifs musulmans (harkis) engagés pour faire la guerre. Torture, exécutions extrajudiciaires, suspension des droits sont pratiqués par les deux camps. Le FLN élimine ses rivaux, l’armée française torture pour obtenir des renseignements. Les extrémistes Pieds Noirs s’engagent dans l’Organisation Armée Secrète (OAS) qui commet de nombreux attentats. Des Européens prennent fait et cause pour l’indépendance comme Franz FANON, qui publie Les damnés de la terre (1961, éditions Maspéro). DE GAULLE revient au pouvoir (1958) sur la promesse de garder l’Algérie, mais il organise les négociations avec le FLN et signe les accords d’Évian (1962). Les Pieds Noirs, rapatriés d’urgence, doivent quitter leur terre natale, leur amertume est grande. Les harkis eux sont parfois abandonnés, souvent rapatriés illégalement mais ensuite oubliés par les pouvoirs publics.

La guerre d’Algérie est marquée par de nombreux crimes de guerre : en France il faut attendre 1992 pour ouvrir les archives de la guerre. En Algérie la mémoire est dominée par le récit glorieux et mensonger écrit par l’État algérien, dominé encore par le FLN.

ŒUVRES TÉMOIGNAGES

FANON (Franz), Les Damnés de la terre, 1961 (posthume). Ouvrage tiers-mondiste qui dénonce les horreurs de la guerre d’Algérie, les méfaits de la colonisation mais aussi le virage bureaucratique et dictatorial pris par le FLN.

DATES REPÈRES

1945 Massacres de Sétif – 1954 « Toussaint rouge » – 1956 Pouvoirs spéciaux accordés à l’armée – 1957 Bataille d’Alger – 1958 DE GAULLE revient au pouvoir – 1961 Putsch des généraux – 1962 Accords d’Évian avec le FLN, référendum en France et en Algérie, indépendance.

PERSONNALITÉS DE PREMIER PLAN

FANON (Franz), médecin psychiatre et philosophe, il s’exile en Tunisie comme médecin pour le FLN – BOUMÉDIENNE (Houari) colonel du FLN, prend le pouvoir en Algérie (1965) après un coup d’État – LARMINAT (Edgard, de), résistant, officier, mémorialiste, chargé de juger les officiers putschistes de 1961, il se suicide, déchiré entre ses convictions humanistes et républicaines et ses fidélités militaires – CAMUS (Albert), Philosophe et écrivain français majeur du XX^e siècle, Pied Noir, il dénonce la difficulté qu’il y a de choisir entre ses racines et ses idéaux.

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