Archives de catégorie : Anthologies

Cette catégorie propose deux types d’extraits: des extraits d’œuvres littéraires et des extraits d’essais. D’abord une série d’extraits d’œuvres littéraires majeures (Il s’agit ici essentiellement de romans et de poésies) traitant de problématiques communes à l’Europe et à l’Afrique. La plupart des auteurs retenus sont Africains (D’Afrique ou des diasporas) et l’accent a été mis sur les auteurs récents (Après 1991). On trouvera également dans cette catégorie – avant qu’elle ne soit étoffée et scindée – des extraits d’essais politiques, sans forcément de rapport avec les œuvres littéraires africaines présentées.

ANTHOLOGIE – 1998, Emmanuel DONGALA, Les petits garçons naissent aussi des étoiles. « J’ai failli ne pas être né. »

« J’ai failli ne pas être né. »

I

 J’AI FAILLI ne pas être né. 

J’ai failli ne jamais galoper derrière un rayon de lumière pour essayer de le rattraper, j’ai failli ne pas découvrir les contrées où les rêves s’amusent à s’inventer avant de filer vers le sommeil de leurs destinataires, j’ai failli ne jamais connaître le bonheur de tâter les seins d’Alédia derrière les buissons de lantanas Continuer la lecture de ANTHOLOGIE – 1998, Emmanuel DONGALA, Les petits garçons naissent aussi des étoiles. « J’ai failli ne pas être né. »

ANTHOLOGIE – 1998, Emmanuel DONGALA, Les petits garçons naissent aussi des étoiles. « La nouvelle couleur fétiche devint le rouge. »

« La nouvelle couleur fétiche devint le rouge. »

 « […] Il faut vous dire que la chance n’était pas avec moi car j’avais choisi le mauvais jour pour prétendre ouvrir mes yeux au monde. C’était le 15 août : non seulement cette date était importante en elle-même parce que c’était le jour de note fête nationale, mais c’était le 15 août 1980, vingtième anniversaire de l’Indépendance. La fête était donc plus qu’exceptionnelle.  Continuer la lecture de ANTHOLOGIE – 1998, Emmanuel DONGALA, Les petits garçons naissent aussi des étoiles. « La nouvelle couleur fétiche devint le rouge. »

ANTHOLOGIE – 1998 – Emmanuel DONGALA, Les petits garçons naissent aussi des étoiles. « La démocratie a dégringolé sur nos têtes. »

« La démocratie a dégringolé sur nos têtes. »

 « […] XX

Après l’esclavage, le colonialisme, le néocolonialisme et le socialisme scientifique, la démocratie s’abattit sur nous un matin du mois d’août, en pleine saison sèche.

Je rigole quand j’entends aujourd’hui tous ces gens qui passent à la radio ou à la télé ou écrivent dans les journaux et qui donnent des explications fumeuses et contradictoires pour expliquer son arrivée.  Continuer la lecture de ANTHOLOGIE – 1998 – Emmanuel DONGALA, Les petits garçons naissent aussi des étoiles. « La démocratie a dégringolé sur nos têtes. »

ANTHOLOGIE – 2001, Fatou DIOME, La préférence nationale. « Capter l’odeur française. »

« Capter l’odeur française. »

 « […] Monsieur Passe-Toi a fixé la règle sans avoir l’air d’y toucher : si vous êtes marié à un ou à une Française, nous dit-il, il vous faudra deux années de baise pour capter l’odeur française, la nationalité. Pour les femmes africaines mariées à des Français, les chances de naturalisation augmentent proportionnellement à l’élasticité de leur utérus, où poussent des fœtus français qui ignorent la préférence nationale. Mais monsieur Passe-Toi n’est pas aussi bête qu’on pourrait le croire. En repoussant la date d’acquisition de la nationalité à deux après le mariage, il compte sur le caractère volage de ses compatriotes et le racisme de la belle-famille pour briser les couples mixtes avant la date fatidique. L’étrangère, ex-épouse d’un Français devient juste un ex-objet exotique. Et comme tout objet, elle n’a aucun droit, même pas celui de gagner correctement sa vie. Alors, seule, elle essaie de survivre. […] »

 DIOME (Fatou), La Préférence nationale. , 2001, Paris, aux éditions Présence Africaine, recueil de nouvelles, Incipit de la nouvelle « La Préférence nationale. ».

ISBN 978-2-7087-0722-1

ANTHOLOGIE – 2001, Fatou DIOME, La préférence nationale. « Une carte d’immatriculation raciale et ethnique. »

« Une carte d’immatriculation raciale et ethnique. »

 « […] Le visage de l’emploi

            L’égalité n’avait jamais aussi bien porté son nom, personne n’échappait à l’emballage : manteaux, gants, écharpes et bottes créent l’espace d’un hiver une race artificielle, celle des emmitouflés. Les gens n’étaient plus que boules de laine et couleurs industrielles. Les races étaient masquées. Continuer la lecture de ANTHOLOGIE – 2001, Fatou DIOME, La préférence nationale. « Une carte d’immatriculation raciale et ethnique. »