Message aux Européens
L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions. Continuer la lecture de ANTHOLOGIES – Les grands textes politiques – « Message aux Européens. », de Denis de Rougemont, 1948
Cette catégorie propose deux types d’extraits: des extraits d’œuvres littéraires et des extraits d’essais. D’abord une série d’extraits d’œuvres littéraires majeures (Il s’agit ici essentiellement de romans et de poésies) traitant de problématiques communes à l’Europe et à l’Afrique. La plupart des auteurs retenus sont Africains (D’Afrique ou des diasporas) et l’accent a été mis sur les auteurs récents (Après 1991). On trouvera également dans cette catégorie – avant qu’elle ne soit étoffée et scindée – des extraits d’essais politiques, sans forcément de rapport avec les œuvres littéraires africaines présentées.
Déclaration liminaire
Messieurs,
Il n’est plus question de vaines paroles, mais d’un acte, d’un acte hardi, d’un acte constructif. La France a agi et les conséquences de son action peuvent être immenses.
Nous espérons qu’elles le seront.
Elle a agi essentiellement pour la paix. Pour que la paix puisse vraiment courir sa chance, il faut, d’abord, qu’il y ait une Europe. Cinq ans, presque jour pour jour, après la capitulation sans conditions de l’Allemagne, la France accomplit le premier acte décisif de la construction européenne et y associe l’Allemagne. Les conditions européennes doivent s’en trouver entièrement transformées. Cette transformation rendra possibles d’autres actions communes impossibles jusqu’à ce jour. L’Europe naîtra de tout cela, une Europe solidement unie et fortement charpentée. Une Europe où le niveau de vie s’élèvera grâce au groupement des productions et à l’extension des marchés qui provoqueront l’abaissement des prix.
Une Europe où la Ruhr, la Sarre et les bassins français travailleront de concert et feront profiter de leur travail pacifique, suivi par des observateurs des Nations Unies, tous les Européens, sans distinction qu’ils soient de l’Est ou de l’Ouest, et tous les territoires, notamment l’Afrique qui attendent du Vieux Continent leur développement et leur prospérité.
Voici cette décision, avec les considérations qui l’ont inspirée.
Déclaration du 9 mai
« La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent.
La contribution qu’une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques. Continuer la lecture de ANTHOLOGIES – Les grands textes politiques – 1950, Robert Schuman, « Déclaration Schuman du 9 mai 1950 »
ANTHOLOGIES
Les grands textes politiques
« Le discours de Fulton »
M. le président McCluer,
Mesdames et Messieurs,
et le dernier, mais non le moindre, Monsieur le président des États-Unis d’Amérique,
Je suis heureux d’être à Westminster College cet après-midi, et je suis flatté qu’une institution à la réputation aussi solidement établie souhaite me conférer un doctorat honoris causa. Continuer la lecture de ANTHOLOGIES – Les grands textes politiques – Winston CHURCHILL, « Le discours de Fulton. », 1946
« Discours de Patrice Lumumba à la cérémonie de l’indépendance congolaise, le 30 juin 1960. »
Congolais et Congolaises,
Combattants de l’indépendance aujourd’hui victorieux,
Je vous salue au nom du gouvernement congolais, Continuer la lecture de ANTHOLOGIES – Les grands textes politiques – Patrice LUMUMBA, 1960, « Discours lors de la cérémonie d’indépendance du Congo. »
« Le plan Marshall », juin 1947
« Je n’ai pas besoin de vous dire, Messieurs, que la situation mondiale est très grave. Cela est bien évident pour tous les gens intelligents. Je crois que l’une des plus sérieuses difficultés, c’est que le problème est d’une si grande complexité que la masse même des faits présentés au public par la presse et la radio rend extrêmement difficile, pour l’homme de la rue, une évaluation nette de la situation. De plus, la population de ce pays se trouve très loin des régions troublées de la terre, et elle a beaucoup de peine à imaginer la misère, les réactions qui la suivent chez les peuples qui ont longtemps souffert, et l’effet que ces réactions ont sur leurs gouvernements au cours de nos tentatives pour établir la paix dans le monde.
Lorsqu’on a étudié les besoins de la reconstruction de l’Europe, les pertes en vies humaines, les destructions de villages, d’usines, de mines et de voies ferrées ont été estimées de façon assez exacte, mais il est devenu évident au cours des mois qui viennent de s’écouler que ces destructions visibles sont probablement moins graves que la dislocation de toute la structure de l’économie européenne. Depuis dix ans la situation est très anormale. Les fiévreux préparatifs de guerre et l’activité encore plus fiévreuse déployée pour soutenir l’effort de guerre ont détruit toutes les branches des économies nationales. L’outillage industriel n’a pas été entretenu, a été endommagé ou est tout à fait démodé. Sous la domination arbitraire et destructive des Nazis, presque toutes les entreprises ont été attelées à la machine de guerre allemande. Les relations commerciales anciennes, les institutions privées, les banques, les compagnies d’assurance et les compagnies de navigation ont disparu, faute de capitaux, par suite de leur absorption lorsqu’elles ont été nationalisées, ou simplement parce qu’elles ont été détruites. Dans beaucoup de pays, la confiance en la monnaie nationale a été rudement ébranlée. L’effondrement de la structure commerciale de l’Europe s’est produit pendant la guerre.
La reprise économique a été sérieusement retardée par le fait que deux ans après la cessation des hostilités l’accord n’a pas encore été réalisé sur les traités de paix avec l’Allemagne et avec l’Autriche. Mais, même si une solution plus rapide de ces problèmes difficiles était acquise, la reconstruction de la structure économique de l’Europe demandera évidemment beaucoup plus de temps et des efforts plus grands que nous ne l’avions prévu.
L’un des aspects de ce problème est à la fois intéressant et grave : le fermier a toujours produit les vivres qu’il peut échanger avec les citadins contre les autres choses nécessaires à la vie. Cette division du travail est à la base de la civilisation moderne. A l’heure actuelle, elle est menacée de ruine. Les industries des villes ne produisent pas assez de marchandises à échanger avec les fermiers producteurs de vivres. Les matières premières et le combustible manquent. L’outillage industriel manque, ou est trop usé. Le fermier et le paysan ne peuvent trouver sur le marché les marchandises qu’ils veulent acheter. Si bien que la vente de leurs produits fermiers en échange d’argent qu’ils ne peuvent utiliser leur semble une transaction sans intérêt. Ils ont donc cessé de cultiver beaucoup de champs pour en faire des pâtures, bien qu’ils manquent de vêtements et des autres produits ordinaires de la civilisation. Pendant ce temps, les habitants des villes manquent de vivres et de combustible. Les gouvernements sont donc forcés de se servir de leurs ressources en devises étrangères et de leurs crédits pour acheter ces produits indispensables à l’étranger, épuisant ainsi les fonds dont ils ont un urgent besoin pour la reconstruction. Une situation très grave se crée donc rapidement, qui est de fort mauvais augure pour le monde. Le système moderne qui repose sur la division du travail et l’échange des produits est en danger de s’effondrer.
La vérité, c’est que les besoins de l’Europe pendant les trois ou quatre prochaines années en vivres et en autres produits essentiels importés de l’étranger – notamment d’Amérique – sont tellement plus grands que sa capacité actuelle de paiement qu’elle devra recevoir une aide supplémentaire très importante ou s’exposer à une dislocation économique, sociale et politique très grave.
Le remède consiste à briser le cercle vicieux et à restaurer la confiance des habitants de l’Europe tout entière. Le fabricant et le fermier, dans de très vastes régions, doivent pouvoir et vouloir échanger leurs produits contre des monnaies dont la valeur constante ne fasse pas de doute.
En dehors de l’effet démoralisant qu’a le désespoir des peuples en question sur le monde entier, et des troubles qu’il peut provoquer, les conséquences de cette situation pour l’économie des États-Unis devraient être évidentes pour tous. Il est logique que les États-Unis doivent faire tout ce qu’ils peuvent pour aider à rétablir la santé économique du monde, sans laquelle la stabilité politique et la paix assurée sont impossibles.
Notre politique n’est dirigée contre aucun pays, aucune doctrine, mais contre la famine, la pauvreté, le désespoir et le chaos. Son but doit être la renaissance d’une économie active dans le monde, afin que soient créées les conditions politiques et sociales où de libres institutions puissent exister. Cette aide, j’en suis convaincu, ne doit pas être accordée chichement, chaque fois que surviennent les crises. Toute aide que ce gouvernement pourra apporter à l’avenir devrait être un remède plutôt qu’un simple palliatif. Tout gouvernement qui veut aider à la tâche de la reprise économique jouira, j’en suis sûr, de la plus entière coopération de la part du gouvernement des États-Unis. Tout gouvernement qui intrigue pour empêcher la reprise économique des autres pays ne peut espérer recevoir notre aide. De plus, les gouvernements, les partis et les groupes politiques qui cherchent à perpétuer la misère humaine pour en tirer un profit sur le plan politique ou sur les autres plans se heurteront à l’opposition des États-Unis.
II est déjà évident qu’avant même que le gouvernement des Etats-Unis puisse poursuivre plus loin ses efforts pour remédier à la situation et aider à remettre l’Europe sur le chemin de la guérison, un accord devra être réalisé par les pays de l’Europe sur leurs besoins actuels et ce que ces pays de l’Europe feront eux-mêmes pour rendre efficaces toutes les mesures que ce gouvernement pourrait prendre. Il ne serait ni bon ni utile que ce gouvernement entreprenne d’établir de son côté un programme destiné à remettre l’économie de l’Europe sur pied. C’est là l’affaire des Européens. L’initiative, à mon avis, doit venir de l’Europe. Le rôle de ce pays devrait consister à apporter une aide amicale à l’établissement d’un programme européen, et à aider ensuite à mettre en œuvre ce programme dans la mesure où il sera possible de le faire. Ce programme devrait être général et établi en commun par un grand nombre de nations européennes, sinon par toutes.
Il est absolument essentiel au succès de toute mesure que pourraient prendre les États-Unis que la population de l’Amérique comprenne la nature du problème et les remèdes qui doivent être appliqués. Les passions et les partis-pris politiques ne devraient point y avoir de part. Avec de la sagacité et une acceptation, par notre peuple, des immenses responsabilités que l’histoire a clairement imposées à notre pays, les difficultés que j’ai soulignées peuvent être et seront surmontées. «
George MARSHALL, juin 1947
Secrétaire d’État des États-Unis, discours prononcé à l’Université Harvard.
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Discours_George_Marshall_juin_1947
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