Bibliothèque virtuelle – Extraits d’œuvres / Nicolas BANCEL, Florence BERNAULT, Pascal BLANCHARD, Ahmed BOUBEKER, Achille MBEMBE & Françoise VERGÈS, sous la direction de, Ruptures postcoloniales. Les nouveaux visages de la société française, 2010

Bibliothèque virtuelle – Extraits d’œuvres

ANTHOLOGIE DE LITTÉRATURE

Nicolas BANCEL, Florence BERNAULT, Pascal BLANCHARD, Ahmed BOUBEKER, Achille MBEMBE & Françoise VERGÈS, sous la direction de, Ruptures postcoloniales. Les nouveaux visages de la société française, 2010, Paris, aux éditions La Découverte, en collaboration avec le groupe Association pour la Connaissance de l’Histoire de l’Afrique Contemporaine (ACHAC, Colonisation, immigration, post-colonialisme), 539 pages

« Comme si la colonisation n’avait été qu’un détail de son histoire. »

« […] Introduction

De la fracture coloniale aux ruptures postcoloniales.

« On peut envisager un universalisme qui ne sera pas borné et contraignant comme l’est cette idée : chaque peuple a une identité et une seulement. »

Edward SAÏD, Culture et impérialisme, 2000

Au déclin du XXe siècle, nombre d’analystes ont pu croire à l’illusoire promesse de la « fin de l’histoire ». Aux quatre coins du monde occidental, depuis la chute du mur de Berlin et la « fin du communisme », la globalisation-mondialisation consacre le règne des mêmes clichés, des mêmes images, des mêmes vitrines du « bonheur de la consommation », des mêmes discours sur le triomphe final, inéluctable, de l’universalité libérale.

                Mais, loin des lendemains qui chantent, ce sont la montée des incertitudes, la crise des valeurs et la désaffection du politique qui accompagnent le déclin des utopies modernistes. Toute une littérature sur l’ère du vide, la société des individus flexibles, incertains, fragiles ou superficiels décrit le mélodrame de notre postmodernité. Pis encore : la fin des grands récits européens – et en premier celui du progrès et de la promesse d’autonomie qui a donné sens à notre conception de la citoyenneté autour de l’État-nation – s’ouvre sur un retour du refoulé. Ainsi des peurs archaïques, que traduisent l’obsession sécuritaire, le mythe identitaire et le déchaînement nouveau des passions xénophobes, remontent-elles à la surface. La Realpolitik d’une sagesse gestionnaire, censée nous guérir des illusions de l’histoire et de la révolution, ravive donc le fantasme d’une citadelle européenne assiégée par des hordes barbares. En panne de projet, l’Europe a peur du monde. En quête de devenir, la France […] sur son (ses) identité(s). […] De Paris à Mexico, les cités du XXIe siècle reflètent immédiatement les changements qui laissent apparaître les « minorités visibles » et la multiplicité des modes de vie et des imaginaires culturels.

                La modernité doit désormais se conjuguer au pluriel : l’actualité en témoigne depuis un quart de siècle en France, où la mise en scène publique du « problème de l’immigration » et des émeutes urbaines – des banlieues à l’outre-mer – semble fonctionner comme un révélateur des hantises de la société française. Comme si les périphéries de l’Hexagone et les territoires d’outre-mer étaient devenus le catalyseur d’une « réflexion identitaire ». Sacrée revanche pour les masses silencieuses de l’histoire de France, chair à canon, bras ramasseurs de poubelles pour la grandeur de la nation, tous ces « gens de peu » qui sont devenus aujourd’hui au cœur du débat « national ». /             Les anciens peuples colonisés et leurs héritiers de l’immigration revendiquent une identité fondée sur l’histoire, ce qui dérange l’univocité du récit des humanités européennes : on pourra faire toutes les contorsions pour éluder la question, évoquer les valeurs, l’héritage républicain, le danger du communautarisme ou l’OPA des mémoires sur l’histoire, il n’en restera pas moins que Clio est descendue de ses hauteurs dans la France postcoloniale. La société française ne peut plus se comporter comme si la colonisation n’avait été qu’un détail de son histoire. L’heure est venue de se rendre compte que le devenir postcolonial a donné naissance à de nouvelles réalités sociétales non seulement là-bas, mais aussi au cœur de l’Hexagone. . […] »

ISBN 978-2-7071-5689-1-8 / © Erwan BERTHO – LEGARREC pour la présentation du texte et les extraits (2024)

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ANTHOLOGIE DE LITTÉRATURE – Nicolas BANCEL – Ruptures postcoloniales – Extraits

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