« Mon fils regarde mes mains. »
« […] Complainte
« Mon fils regarde mes mains
Elles sont aussi dures que l’ « espoir »
Mon fils regarde mes mains
Elles sont aussi dures que le pilon
Mon fils regarde mon corps
Il s’habille de sa peau de karité
Mon fils regarde mon corps
Il s’habille de sa peau de « Pakéré »
Mon fils regarde mes talons
Ils craquent comme le lit d’un lac à sec
Mon fils regarde mes talons
Ils se fendent comme une calebasse tombée du ciel.
Mon fils regarde
Depuis le départ du dernier Commandant blanc
Vous nous promettez toujours le bonheur
Toujours vous nous promettez un meilleur changement
Mais mon fils regarde…
Aucun changement pour nous !
Mon fils, assis dans ta blancheur occidentale
Regarde les auteurs de ta vie… »
Et levant son regard lourd de honte et d’angoisse
Je vis leurs yeux de douleur
Se graver dans le diamant de ma conscience
Leur bouche de misère était ouverte
Mais ne disait rien
[…] »
NAMFIO (Dieudonné), poème intitulé « Complainte. », cité par Jean-Dominique PÉNEL dans Anthologie de la poésie centrafricaine. , 1990, Paris, aux éditions L’Harmattan, collection « Poètes des cinq continents », 207 pages, page 125.
ISBN 978-2-7384-0662