1ère – HISTOIRE (12), La IIIème République, un régime contesté à la « Belle époque » (1896-1914). 

1ère – HISTOIRE (12), La IIIème République, un régime contesté à la « Belle époque » (1896-1914). 

                                La IIe République s’impose (1875) et s’enracine rapidement par l’école, les fêtes civiques, le service militaire et une croissance économique soutenue. Pourtant, elle est contestée tout au long de cet âge d’or que sembla être rétrospectivement la « Belle époque » (1896-1914). Quelles furent les formes de cette contestation ?

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                L’opposition à la République parlementaire émane d’abord de la droite monarchiste, puis, avec l’Affaire Dreyfus (1894-1906), d’une extrême-droite antiparlementaire, antisémite, violemment nationaliste. La contestation est d’abord cléricale devant des parlementaires de plus en plus anticléricaux (1905, loi de séparation des Églises et de l’État), monarchiste avec le général BOULANGER (1888) à qui l’on prête des intentions de coup d’État. Il est soutenu par la Ligue des patriotes (Paul DÉROULÈDE), qui commencent à agiter la rue contre les autorités républicaines. Mais c’est « l’Affaire » qui met au jour la violence de l’extrême-droite : soutenue par la presse (L’Écho de Paris, L’Action française, Le petit journal, Le Matin) qui tire à près de 5 millions d’exemplaires, et des intellectuels de 1er plan comme BARRÈS (« Les Juifs n’ont pas de patrie. […] pour eux, c’est l’endroit où ils trouvent leur plus grand intérêt […] », 1902) ou comme MAURRAS (« […] La République c’est le mal […] La République est le gouvernement des Juifs […] », 1908) qui fonde L’Action française, journal anti-démocratique, l’extrême-droite déchaine sa haine sous forme de pamphlets, de caricatures et d’articles contre les Juifs et les Francs-maçons accusés de comploter pour ruiner la France.

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                L’opposition de la gauche socialiste et anarchiste se structure aussi durant la « Belle époque ». Si une branche du socialisme s’insère dans l’opposition parlementaire (La Section Française de l’Internationale Ouvrière, SFIO, de Jules GUESDE et Jean JAURÈS), les anarchistes et les communistes refusent le régime parlementaire. La fusillade du 1er mai 1891 à Fourmies entraîne une partie de la gauche révolutionnaire dans l’action violente. RAVACHOL qui cible des juges impliqués dans des condamnations d’anarchistes (1892), Auguste VAILLANT qui lance une bombe dans la Chambre des députés (1893), Émile HENRY qui déclare « […] Il n’y pas d’innocent ! […] » lors de son procès et pose des bombes dans des cafés parisiens. CASERIO, anarchiste italien, assassine (1894) le président de la République française Sadi CARNOT. Des brochures anarchistes comme L’indicateur anarchiste (1887) expliquent comment faire des bombes avec de la nitroglycérine. Ces attentats font peu de victimes, les auteurs sont arrêtés et guillotinés. Mais en 1910-1912, la « « bande à Bonnot » réactive la violence anarchiste : attentats et vols de banque se succèdent. Pourtant le mouvement anarchiste est dans l’ensemble pacifiste : Pierre KROPOTKINE et Élysée RECLUS, deux figures de l’anarchisme, rejettent la violence politique.

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                Louise MICHEL (1830-1905) incarne une figure de l’opposition à la République bourgeoise. Femme de Lettres et institutrice pendant le Second Empire (1852-1871) où elle anime aux côtés de CLEMENCEAU l’opposition républicaine radicale, elle combat pendant la Commune (1870-1871). Arrêtée, elle est déportée en Nouvelle-Calédonie et ne sera libérée qu’en 1880. Revenue en France, elle devient une figure de l’extrême-gauche anarchiste et fait adopter le drapeau noir comme symbole du mouvement anarchiste qui proclame « Ni Dieu, ni Maître ». Elle organise des grèves ouvrières et fait piller des boulangeries (1883) et est condamnée à dix ans de réclusion criminelle. À peine libérée (1886) elle est arrêtée pour avoir incité à l’insurrection. En 1890 elle est à nouveau arrêtée. Héroïne des anarchistes, aimée d’HUGO et de CLEMENCEAU, elle alterne emprisonnement et conférences: elle milite pour l’égalité hommes-femmes, contre le racisme, soutient les revendications des Kanaks. Elle a également soutenu la cause des Arabes révoltés contre la présence française et son dernier voyage sera en Algérie (1904) pour le retour des derniers combattants algériens déportés en Nouvelle-Calédonie. Comme les suffragettes (Hubertine AUCLERT) elle ne supporte pas l’exclusion des femmes de la vie politique.

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                La « Belle époque » (1896-1914) voit naître les deux oppositions modernes à la République parlementaire : une opposition d’extrême-gauche, et une opposition d’extrême-droite, toutes deux assimilant le parlementarisme au règne de l’argent-roi.

© Souleymane ALI YÉRO, Erwan BERTHO & Ronan KOSSOU (2019)

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