DEVOIRS & CORRECTIONS
La composition
« La sécurité alimentaire au Sahel. »
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NOURRIR LES HOMMES EN AFRIQUE SAHÉLIENNE
Le Sahel est un espace de transition entre le Sahara au Nord, la savane arbustive et la forêt équatoriale au Sud, du Sénégal à l’Ouest à la Somalie à l’Est. Les États et les sociétés du Sahel connaissent une grande croissance démographique car ils sont en pleine transition démographique, et ils doivent nourrir cette population en augmentation. Le taux de mortalité a chuté mais n’a pas été suivi d’une chute du taux de natalité (malgré une chute du taux de natalité légère, en 1960 il était de 6.7 enfants par femmes et maintenant il est d’environ 5 enfants).
Comment les États et les sociétés du Sahel peuvent-ils transformer leurs agricultures pour nourrir plus et mieux leurs populations ?
Nous répondrons à cette problématique en montrant qu’en Afrique, c’est un grand défi de nourrir toute la population (I) puis on verra les stratégies mises en œuvre pour réussir à relever le défi (II).
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L’amélioration de la situation alimentaire au Sahel rencontre plusieurs obstacles. Tout d’abord, il y a les contraintes bioclimatiques et politiques. En effet, la pluviométrie aléatoire (pluviométries annuelles comprises entre 200mm et 700mm) et des saisons des pluies qui durent à peine trois mois, des sols pauvres, des zones d’irrigation rares (1 zone sur le fleuve Sénégal, 2 sur le fleuve Niger, 1 sur le lac Tchad, et une sur le Nil) rendent les milieux en Afrique Sahélienne fragiles et contraignants. Les contraintes politiques ne sont pas innocentes non plus. Les zones fracturées politiquement (15% de l’Afrique dont le Tchad, le Niger ou le Nord du Bénin) sur plus de 4000km, traversée par des conflits nouveaux (Boko Haram au Niger, Cameroun, et Nigeria) ou anciens (guerre entre soudan du sud et Soudan) dont les conséquences sont très bien illustrées dans le doc.5 (photographie prise dans un camp de réfugié au Darfour) où l’on une distribution de vivres à 130000 réfugiés dans le camp de Gereida au Darfour. Les contraintes sont aussi socioéconomiques. La population, en pleine transition démographique, monte en flèche. Le taux de mortalité chute et est accompagné par un fort taux de natalité. Au Niger, la population a été multipliée par deux entre 1989 et 2009, au Niger, on est passé de 7 à 15 millions d’habitants, celle du Burkina Faso de 8 à 16 millions, pour un indice de fécondité très élevé (7,5 enfants/femme). Les ports principaux d’importations étant très lointain (ceux de Lomé, Cotonou, Lagos) sont à plus de 1000km du Sahel ce qui fait que les pays du Sahel, déjà pauvres, dépendent des cours mondiaux et ne sont pas à l’abri des crises économiques comme celle qui a eu lieu entre 2007 et 2009 où le prix du riz a doublé (0.6USD/kg à 1.2USD/kg), cela a eu pour conséquences des émeutes de la faim en 2008.
Ensuite, il y a le fait que l’agriculture est faiblement productive, et que les sociétés sont vite débordées par les aléas climatiques ou économiques. La faible productivité des agricultures sahéliennes les rend incapables de faire face aux défis de la croissance. La production par habitant, contrairement à la croissance démographique stagne depuis 30ans, en plus d’être traditionnelle et quasi pas moderne. Les prix appliqués sont alors plus élevés que ceux pratiqués par les pays industrialisés. Cette stagnation est due aux techniques notamment l’utilisation de techniques manuelles archaïques, les propriétés de la terre sont incertaines donc on y peu, il y a peu d’irrigation et peu d’élevage (donc pas de fumure et peu de traction animale). Les crises alimentaires sont un facteur important. Elle résulte de trois crises : une crise agricole (due à un déficit des précipitations en 2004, et des mauvaises récoltes en 2004 et 2005), une crise pastorale (due au manque de fourrage et à la décimation du cheptel) et une crise du marché (due au fait que les commerçants ont retenu les céréales pour spéculer). Cela entraîne la paupérisation et l’endettement des paysans qui utilisent cet argent pour aller vers la ville (exode rural) où les réalités sont encore plus dures (explosion de la mendicité). Face à tous ces obstacles les communautés ont trouvé plusieurs solutions.
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Leur but commun étant de sortir de l’insécurité alimentaire, ils ont donc mis en œuvre plusieurs stratégies. D’abord, il y a les stratégies mises en œuvre par les Etats eux-mêmes et les Organisations Intergouvernementales. Comme la stabilisation des prix à la consommation. Par exemple, au Mali a été lancé « l’initiative riz », où le gouvernement malien a décidé de subventionner 50% des intrants agricoles, d’acheter des machines pour transformer le riz des paysans et de mettre en valeur des nouvelles terres pour des exploitations agricoles. Les limites à ce projet étatique sont que ses interventions sont souvent réclamées ailleurs (au nom de l’égalité), le prix du riz ne baissent pas et les subventions profitent plus aux urbains (qui votent plus et savent se faire entendre) qu’aux ruraux. Une autre stratégie est le renforcement des capacités des acteurs locaux à mettre en valeur les potentialités du milieu. Il s’agit de travaux de bonification des terres soutenus par les ONG et l’ONU et les agences de coopération internationale, comme la petite irrigation illustrée dans le Doc.7 (photographie prise en Mauritanie), où l’on voit des femmes qui assurent cette irrigation. Il s’agit aussi d’insertion des producteurs dans les filières agroalimentaires et la mondialisation. Le Projet d’Amélioration des Chaînes de Valeurs Agro-alimentaire aux Burkina Faso permet aux petits producteurs de haricots verts burkinabé en surcapacité, de vendre sur les marchés européens (Foire des fruits et légumes de Berlin).
Les autres stratégies pour garantir aux populations sahéliennes la sécurité alimentaire sont mises en œuvre par les communautés locales et les acteurs locaux. Elle passe par une meilleure mise en valeur du milieu. Comme au Niger, où les collectivités territoriales soutiennent les travaux de gestion de l’eau et la plantation d’arbres le long des cordons de pierres en travers des versants permettent la mise en culture de nouvelles terres, une amélioration de l’élevage et la cueillette de graminées. Et aussi passe par la modernisation des pratiques agricoles, comme au Mali où les femmes profitant de l’initiative riz achètent des machines (décortiqueuse, batteuse…) et vendent donc le riz plus cher et dégagent ainsi plus de revenus. Une meilleure intégration au marché et à la monétarisation est aussi importante. Nous revenons sur l’exemple ces femmes maliennes qui vendent leur riz plus cher et dégagent encore plus de Valeur Ajoutée ou les femmes nigériennes qui vendent des produits déjà cuisinés. Le développement du petit maraîchage permet aussi de vendre sur les marchés ruraux ou urbains comme le font les cultivateurs d’oignons de la région de Keïta.
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Le Sahel est en situation d’insécurité alimentaire chronique due à des contraintes bioclimatiques fortes mais aussi à un environnement politique et socioéconomique très dégradées. Néanmoins les stratégies mises en œuvre par différents acteurs (Etats, groupes de cultivateurs…), permettent une lutte durable contre cette insécurité alimentaire et un développement économique plus ou moins stable.
© John-Michael ALBERTO (2018)
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ALBERTO_securite_alimentaire_au_Sahel_2018
Articles complémentaires :
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