2de – GÉOGRAPHIE – (4) Croissance des populations, croissance des productions.
La rapide croissance démographique au cours du XIXe siècle et du XXe siècle s’est accompagnée d’une augmentation des productions vivrières et manufacturières : mais le modèle fordiste, très destructeur pour la planète, est peu soutenable. Dans quelles mesures la croissance des productions pourra-t-elle accompagner la croissance démographique ?
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Thomas Robert MALTHUS dans son Essai sur le principe des populations (1798) présentait l’accroissement démographique comme un danger car la population augmentait selon lui plus vite que la croissance agricole. Il militait pour une régulation de la croissance démographique, un comportement politique et sociétal depuis lors appelé « malthusianisme ». La population mondiale a cru de manière spectaculaire depuis Le XVIIIe siècle, passant de 1 milliard d’habitants en 1800 à 7,5 en 2015 sous l’effet de la transition démographique. Mais les craintes de MALTHUS se sont révélées en parties infondées. La croissance agricole (+2%/an) a pu suivre la croissance démographique. En conséquence, excepté en Afrique subsaharienne, la ration alimentaire a atteint les 2600 Kilocalories/jour (Kcal. /j.), la valeur d’équilibre pour un adulte, et les 60 grammes par jour de protéines sont généralisés. Le nombre de personnes souffrant de famine (Rupture absolue de nourriture entraînant à brève échéance la mort) a diminué : les famines sont aujourd’hui rares et dues à des associations de causes géophysiques (Sécheresse) et politiques (Guerres). Les progrès des transports permettent une meilleure circulation des denrées alimentaires des régions productrices (Amérique du Nord, littoral brésilien, Europe, Asie du Sud-est) vers les macro-régions déficitaires (Afrique subsaharienne, Moyen-Orient, les régions enclavées d’Asie). La révolution agricole liée à l’industrialisation (Engrais chimiques, pesticides) a permis d’accroître les rendements. Les terres les moins fertiles naguère forestières ont été mises en culture. La « Révolution verte » en Inde et en Chine a fait de ces deux pays extrêmement peuplés (40% de la population mondiale) des régions autosuffisantes du point de vue alimentaire. Et la croissance démographique s’essouffle : il avait fallu 10 ans pour passer de 3 à 4 milliards d’hommes, il en faudra 25 pour passer de 8 à 9 milliards d’habitants (2050). Les recherches scientifiques permettent d’envisager d’autres types de révolutions agricoles : les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) ou, au contraire, l’enrichissement et l’aération naturels des sols grâce aux insectes.
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La situation alimentaire mondiale est très loin d’être satisfaisante. Plus d’un milliard de personnes souffre de la sous-nutrition (Insuffisance chronique de la ration alimentaire inférieure à 2 200 kcals). Deux fois plus de personnes (300 millions, soit plus d’un tiers des Africains au Sud du Sahara) souffrent de la faim en Afrique subsaharienne aujourd’hui que 25 ans auparavant. La question de l’alimentation n’est donc pas réglée. Les situations sont par ailleurs très contrastées en fonction des régions : on mange trop et mal dans les Pays Anciennement Industrialisés (PAI) et les Pays émergents au point que l’obésité est devenue une épidémie mondiale, on mange mal mais pas assez en Afrique subsaharienne. Les situations sont aussi contrastées du point de vue social : les riches des pays pauvres mangent trop et trop richement, et sont touchés par le diabète, alors que dans leur pays des paysans souffrent de famine. De brusques chertés dues à des fluctuations conjoncturelles des prix des produits agricoles de base (Huiles alimentaires, céréales…) peuvent entraîner des épisodes de disettes et des émeutes (Comme en 2008 en Afrique et au Proche-Orient les « émeutes de la faim »). La mondialisation néolibérale des économies a entraîné une spécialisation agricole, entraînant certaines régions vers les monocultures d’exportation de produits non-vivriers comme l’huile de palme. Le remplacement des surfaces cultivées en céréales par des cultures destinées à l’Industrie Agroalimentaire (IAA) fragilise évidemment l’autosuffisance alimentaire. Si les pauvres des Pays les Moins Avancés (PMA) souffrent de la faim, paradoxalement les paysans de l’ensemble des pays du Sud (BRIICS, émergents, PVD et PMA) sont moins bien nourris que les citadins. Les cultures et l’élevage intensifs ont entraîné une stérilisation progressive des sols, et une très forte érosion : les terres sont moins productives. Si la croissance agricole était de +2%/an en 2000, elle n’est plus que de +1,5%/an en 2010.
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La croissance agricole ne peut plus se faire sur le même modèle de production ou de redistribution car celui-ci est trop destructeur pour l’environnement et ne met pas assez sûrement les pauvres à l’abri de la faim.
© Erwan BERTHO (2017)
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Articles complémentaires :
← Cours précédent intitulé « Mettre en œuvre des modes de développement durable. »
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→ Une étude critique d’un document de Géographie, « Le land grabbing »