CIVIL WAR
1861-1865 LA « GUERRE DE SÉCESSION » AUX ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE ET LA NAISSANCE D’UNE PUISSANCE INDUSTRIELLE
Acte I.
NORD / SUD, LA FRACTURE ORIGINELLE
Les 13 colonies qui entrent en révolution le 4 juillet 1776 à Philadelphie en proclamant leur indépendance, mais qui sont depuis 1774 en guerre ouverte contre la couronne britannique, forment un ensemble très hétérogène et marqué depuis le début de la colonisation par une fracture originelle Nord / Sud.
Au Nord de la baie de la Chesapeake, des colonies fondées par des « Pères pèlerins » (Pilgrim), puritains anglais ou protestants européens fuyant les persécutions religieuses réelles ou supposées et souhaitant former au « Nouveau monde », des communautés marquées par la pureté évangélique de la réforme. Au Sud des aristocrates et des gentilshommes ayant reçu de la couronne des terres, parfois immenses, sur lesquelles ils pouvaient s’adonner à la culture des plantes tropicales, alimentaires, textile ou tinctoriales, dont l’Europe commençait à avoir grand besoin.
L’onomastique des noms des colonies révèlent cette profonde divergence de peuplement et de projet. Les noms des États du Nord sont des noms indiens (Delaware, Massachusetts…) ou des noms annonçant une renaissance (New York en référence à la ville de York en Angleterre, New Hampshire en référence au comté du Hampshire en Angleterre également, New Jersey en référence à Jersey). C’est bien une « Nouvelle Angleterre » qui se construit au-delà de l’Hudson River. D’ailleurs ces colonies forment très tôt un Commonwealth (Qui existe toujours) embryon des futurs États-Unis d’Amérique.
Au Sud les colonies portent des noms de souverains britanniques : il ne s’agit pas de construire du nouveau mais bien d’exporter de l’ancien pour bâtir à l’identique. Les colonies portent alors les noms des reines (Virginie en l’honneur d’Élisabeth Ière dite « la reine-vierge », Maryland en l’honneur de la reine Mary, Caroline en l’honneur de l’épouse du roi George), des rois (Géorgie en l’honneur du roi George Ier d’Angleterre…).
Les colonies sont d’ailleurs dans une situation très différente du point de vue économique. Les colonies du Nord formées d’artisans, de petits propriétaires et de commerçants développent une économie à la croissance relativement endogène, fondée sur l’initiative individuelle. Au Sud, les colonies vivent dans la dépendance des commandes britanniques et européennes et vivent des cultures d’exportation (Riz, tabac, coton…). Si les colonies du Nord refusent l’esclavage, concurrence déloyale à l’égard des producteurs indépendants et marque d’infamie au regard des croyances morales, au Sud la grande propriété domine et le travail des esclaves, garant d’une masse salariale faible et fixe, permet d’être compétitif sur les marchés mondiaux.
Ainsi au Sud se perpétue une économie dépendante des marchés mondiaux où le travail servile est une condition de survie des exploitations agricoles. Au Nord se développe une économie endogène pour qui la fermeture des frontières et l’interdiction du travail servile sont les conditions du take off attendu.
La guerre d’indépendance (1774-1782) montre le divorce : au Sud une guerre de partisans, au Nord des volontaires qui forment une armée révolutionnaire qui dépasse plus facilement les frontières des colonies pour se battre, s’il le faut, dans d’autres colonies. Si les chefs sont des planteurs du Sud (Washington, Jefferson) qui combattent essentiellement contre ce qu’ils considèrent comme une injustice fiscale, les inspirateurs (Paine, Franklin) et les combattants de terrain sont des hommes du Nord, qui se battent pour un projet de société plus vaste.
© Erwan BERTHO (2013, 2014, révision 2019)
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