ATTENTION!
Ce corrigé correspond aux anciennes épreuves d’Histoire Géographie du Baccalauréat. Le présent corrigé permet cependant de réviser utilement certaines notions et de revoir les connaissances de base sur la Géographie des États-Unis d’Amérique.
ÉTUDE D’UN ENSEMBLE DE DOCUMENTS
« Etats-Unis : quels sont les lieux de la puissance ? »
Corrigé
Partie – A – Questions
1. Dans quelles parties du monde et sous quelles formes se manifestent la présence et la puissance des États-Unis d’Amérique ?
Les États-Unis sont une hyper puissance, pour reprendre les mots du ministre des Affaires Étrangères de François Mitterrand, Hubert Védrine. Une hyper-puissance est une puissance mondiale qui n’a pas, ou plus, de rivaux. Ce qui ne veut pas dire évidemment qu’il n’y pas plus de compétiteurs ou d’adversaires. Mais à ce jour les États-Unis, même affaiblis par la crise, n’ont pas encore de remplaçant.
Leur puissance mondiale hégémonique s’exprime donc sur l’ensemble de l’espace mondial, même si cette présence se concentre dans les autres pôles de la Triade, et sous toutes ses formes. La puissance des États-Unis est d’abord économique et même plus particulièrement financière. Les Investissements Directs à l’Étranger (IDE) des États-Unis vont d’abord vers les autres pôles de la Triade (10% vont vers la Grande Bretagne, plate forme de regroupement des Firmes Transnationales FTN américaines en Europe). Ils vont ensuite vers les partenaires privilégiés États-Unis que sont les deux autres membres de l’Accord de Libre Échange Nord Américain (ALENA) soit le Canada et le Mexique (Entre 3% et 6% des IDE) et ensuite vers les marchés d’Asie orientale, nouveau pôle de puissance (Comme la Chine qui concentre 3% des IDE américains). Mais la puissance américaine est également culturelle (Les États-Unis détiennent 50% des recettes cinématographiques mondiales) et technologique, les flux Internet sont massivement émis depuis les États-Unis.
Les États-Unis sont massivement présents dans les régions dans lesquelles ils ont des intérêts. Ainsi l’Afrique est la grande absente du déploiement de puissance des États-Unis. D’autres régions avec lesquelles les relations politiques sont très tendues (Chili de l’après Pinochet, Argentine, Russie) sont même de plus en plus délaissées. Cette puissance mondiale s’ébauche d’abord dans les villes, bastions de la recherche et de l’innovation.
2. Quels atouts des villes des États-Unis montrent les documents 1, 2, 3 et 4 ?
Les villes américaines sont puissantes parce qu’elles accueillent des parcs technologiques de rang mondial. Les anciennes villes littorales de la Côte Est (Nouvelle Angleterre) et leurs universités de l’Ivy League sont symptomatiques. Mais le plus bel exemple de parc technologique reste la Silicon Valley au fond de la baie de San Francisco, de Palo Alto à Cupertino. Dans cet ensemble unique au monde se contrent les plus grandes firmes de haute technologie et d’informatique (Oracle, Apple, Microsoft Research Center, Yahoo, Google…). Ces entreprises sont adossées à deux des meilleures universités du monde (Berkeley et Stanford) et financent les laboratoires de recherche de ces universités pour pouvoir aussi y recruter les meilleurs des étudiants. Cette puissance scientifique des villes américaines s’explique par le fait qu’elles sont ouvertes sur le Reste Du Monde (Ce sont de véritables Hub mondiaux accueillant entre 50 à 80 millions de passagers par an comme à Chicago) et qu’elles concentrent le pouvoir financier. Ainsi Chicago abrite le Board Of Trade, bourse mondiale des produits agroalimentaires) et New York autour de Wall Street abrite la première place financière de la planète.
Mais les villes américaines disposent encore de réserve de puissance. Les villes de l’intérieur des terres offrent de l’espace pas chère aux entreprises de haute technologie. C’est le cas de l’institut de recherche médicale Stowers qui s’installe dans un hôpital désaffecté de 200 000m² à Kansas City et qui ambitionne de devenir le premier pôle de recherche médical du monde. Sa fondation qui gère 1,7 milliard de dollars lui permet d’attirer des chercheurs du monde entier comme le révèle E. LESSER dans un article du journal français de référence Le Monde (en date du 3 mars 2004).
3. D’après l’ensemble des documents, montrez que la puissance des États-Unis se manifeste à différentes échelles.
D’après l’ensemble des documents on peut voir que la puissance mondiale des États-Unis se manifeste à différentes échelles : l’échelle mondiale (manifestation de l’hyper puissance) , l’échelle continentale (Manifestation de la doctrine Monroe, « L’Amérique aux Américains » qui fait du continent américain de Back yard des États-Unis), et l’échelle locale (Les villes, maillons de l’archipel métropolitain mondial.). C’est cet emboitement de puissance qui constitue ce qu’on appelle l’hyper puissance américaine. Les « villes laboratoires » (E. LESSER, Le Monde en date du 3 mars 2004) permettent le développement d’une puissance à l’échelle régionale (ALENA) et continentale, puissance assise sur des liens historiques, géographiques (proximité) et géopolitiques (ancienne présence militaire comme au Panama) qui achève de s’exprimer ensuite à l’échelle mondiale sur des régions stratégiques (Moyen orient), riches (Triade), voisines de culture (Australie, Grande Bretagne), alliées (Japon) ou en émergence (Indonésie, Chine populaire). Mais c’est essentiellement depuis la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) que la puissance mondiale des États-Unis s’est nettement manifestée (Organisation des Nations Unies, FMI et Banque mondiale installées sur la Côte Est), puissance que la Guerre Froide (1947-1991) a renforcé.
- Y a-t-il d’autres lieux (ville, région, espace…) de la puissance des États-Unis que l’ensemble documentaire ne fait pas apparaître ?
Le dossier documentaire aborde assez peu l’échelle régionale de la façade atlantique de l’Amérique du Nord ou des États-Unis. Sans doute parce qu’aujourd’hui la puissance économique mondiale s’est déplacée insensiblement vers l’Océan Pacifique. Mais 50% des Américains vivent encore à l’Est du Mississippi et les grands centres de commandement politique (Maison Blanche, Capitole, Pentagone) ou économique (Wall Street, FMI, Banque Mondiale, ONU) ou culturel (Broadway, Actor’s Studio) et scientifique (Harvard, Yale, Columbia…) s’y concentrent. Cette région domine un avant pays caribéen et fait de la Floride par exemple le plus grand centre financier de la zone Caraïbes-Amérique centrale.
Partie – B – Réponse organisée au sujet.
À l’aide des réponses aux questions, des informations contenues dans les documents et de vos connaissances, rédigez une réponse organisée au sujet posé.
Les États-Unis sont l’hyper puissance mondiale. Ils dominent les autres États dans tous les domaines (Politiques, économiques, culturels) combinant le hard power (puissance de contrainte) et le soft power (Capacité à séduire grâce à leur modèle idéologique et social). Ils ont des compétiteurs évidemment mais à ce jour aucune autre puissance ne peut prétendre les égaler. La République Populaire de Chine (RPC) deuxième Produit Intérieur Brut (PIB) de la planète reste 50% moins riche que les États-Unis. Cette hyper puissance mondiale se manifeste dans différents lieux, sous différentes formes et à différentes échelles.
Quels sont les lieux où se fabrique et se manifeste l’hyper puissance mondiale des États-Unis d’Amérique ?
Cette puissance se construit d’abord (I.) dans les réseaux urbains américains où les villes, véritables métropoles mondiales organisées en réseaux dynamiques, concentrent les capacités de mobilisation économique, financière, et culturelle des États-Unis. Cette puissance se développe ensuite sur les grandes façades maritimes et plus particulièrement sur la façade atlantique de l’Amérique du Nord (II.) pour rayonner ensuite sur tout le continent américain. Enfin cette puissance se manifeste et se renforce à l’échelle mondiale (III.) où les États-Unis combinent enrichissement grâce à leurs Firmes Transnationales (FTN), séduction et contrainte.
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La ville est le creuset de l’hyper puissance mondiale des États-Unis. Elle en est la matrice et le symbole tout autant que la vitrine. Cette puissance des villes américaines s’explique d’abord par leurs fonctions de métropoles de l’archipel métropolitain mondial tout autant que par leur formidable ouverture sur le monde.
La ville américaine est la matrice de la puissance mondiale sans partage des États-Unis. Sur les deux (Voire trois en comptant les Grands Lacs) façades maritimes des États-Unis un chapelet de métropoles majeures sert de « fabrique de puissance ». Leur puissance est d’abord démographique : les aires urbaines américaines sont vastes et très peuplées. L’agglomération de Los Angeles (Californie, côte Ouest) compte 18 millions d’habitants, celle de New York (État de New York, Nouvelle Angleterre, côte Est) compte 17 millions d’habitants. Ces aires urbaines très vastes concentrent une population riche et très diplômée qui sert de réserve de consommateurs, de producteurs, d’inventeurs, d’investisseurs et de législateurs. La concentration des pouvoirs déborde le cadre des États-Unis : en effet de grandes institutions d’influence mondiale ont leur siège aux États-Unis comme l’Organisation des Nations Unies (ONU à New York), le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (WBG) à Washington. Les places financières américaines dominent les marchés financiers mondiaux. C’est le cas de New York avec les indicateurs du NASDAQ et du DOW JONES qui servent de références pour les autres places financières. C’est aussi le cas du Board Of Trade de Chicago pour les cotations des produits agroalimentaires et des produits de la plupart des marchés à terme. Les grandes universités américains bénéficient de la proximité de ces places financières où elles trouvent bon nombre d’investisseurs : sur les dix universités les plus attractives et les plus dynamiques (Classement de l’université de Shanghai) 8 sont américaines et 6 sont des universités de l’Ivy League comme Harvard, Yale, Princeton ou Columbia. Très peuplées, accueillant les laboratoires de recherche les plus performants du monde (Silicon Valley dans la baie de San Francisco autour des universités de Berkeley et de Stanford en Californie), dominant les marchés financiers et accueillant les organisations ayant un rôle directeur dans l’espace mondial, les villes américaines sont le premier lieu de la puissance mondiale des États-Unis.
Mais cette puissance des métropoles américaines ne s’explique pas seulement par leur masse mais aussi par leur intégration dans un réseau urbain américain et même mondial. En effet les villes américaines sont ouvertes sur le reste du monde et répondent aux impératifs de connections des économies interdépendantes de la mondialisation. Les villes américaines les plus puissantes (Los Angeles, San Francisco et Seattle sur la Côte Ouest, New York, Boston, Washington sur la Côte Est, Chicago sur les Grands Lacs) sont d’abord des places portuaires dynamiques. Le fret asiatique arrive à San Diego (port de Los Angeles) et Seattle avant d’être acheminé par des ponts multimodaux (Interconnections des moyens de transport) vers l’intérieur du territoire. Ce n’est pas la puissance de chaque port qui impressionne (Sur les 20 ports les plus dynamiques du monde un seul est aux États-Unis) mais leur densité. Ils parsèment pour ainsi dire les côtes américaines. Les villes américaines accueillent aussi les grandes places aéroportuaires : Chicago et ses trois aéroports mondiaux, Atlanta, New York sont de véritables Hub assurant la transition entre le trafic national et local d’une part et le trafic mondial d’autre part. Autour de ces Hubs se développent de vastes espaces de commerce et de production de services et de biens. Par les ports, les aéroports et les téléports Internet et téléphoniques (qui contrôlent et gèrent l’activité satellitaire dans le domaine des télécommunications) les villes américaines s’intègrent en position dominante dans un vaste réseau de villes mondiales connectées densément entre elles : c’est « l’archipel métropolitain » mondial. Les aires urbaines gigantesques finissent par constituer des mégalopoles, regroupement de mégapoles, comme la « mégalopolis », triangle urbain de Chicago à Boston et de Boston à Washington (Le BOSWASH).
Cette puissance des villes des façades maritimes contribue à l’émergence de véritables interfaces maritimes mondiales dont la plus puissante est la façade atlantique de l’Amérique du Nord, carrefour mondial mais aussi pôle de puissance continentale.
La façade atlantique de l’Amérique du Nord qui va du Labrador (Canada, Atlantique Nord) à la péninsule du Yucatan (Mexique, Mer des Caraïbes) et qui englobe par le Saint Laurent la région des Grands Lacs est la principale interface maritime mondiale. Les États-Unis et renforcent et y manifestent leur hyper puissance mondiale. La façade bénéficie bien sûr le l’intégration du Mexique et du Canada dans l’Accord de Libre Échange Nord Américain (ALENA) aux côtés des États-Unis. La libre circulation des capitaux et des marchandises a permis de développement du commerce entre les trois partenaires et la constitution de grandes régions transfrontalières (La « Mexamérique » le long de la frontière américano-mexicaine et « Main Street of America » le long du Saint Laurent). Les entreprises des États-Unis y délocalisent à proximité (Hi-fi dans la Mexamérique, Automobile et Cinéma dans Main Street of America) bénéficiant de salaires et de conventions syndicales et fiscales avantageuses. Ce dynamisme économique s’appuie sur la présence de la Mégalopolis qui apporte ses scientifiques et ses capitaux mais aussi d’un exceptionnel étagement climatique (Céréaliculture de type européenne au Nord et dans les Appalaches, riziculture et cultures tropicales au Sud) et d’une industrialisation ancienne qui garantit la présence de grands groupes (The Coca Cola Company à Atlanta). La façade accueille aussi les champs pétroliers off shore (Caraïbes, Golfe du Mexique) et surtout les compagnies industrielles (Raffinage), commerciales (trading) et financières (A Dallas et Houston). La façade est devenue une place financière régionale (Caraïbes et Amérique centrale) dominée par la ville de Miami (État de Floride), elle-même également le premier port touristique du monde. Un navire de croisière sur deux dans le monde est immatriculé à Miami. Car si la présence des États-Unis est forte dans le monde elle paraît sans partage sur le continent américain lui-même.
L’hyper-puissance des États-Unis en effet se manifeste sur le continent américain, matrice et reflet de leur puissance sans conteste. Le président Monroe à l’orée du XIXe siècle (« L’Amérique aux Américains ») dans une formule dont on fit une doctrine avait rappelé combien la présence européenne était devenue obsolète en Amérique à l’heure des mouvements nationaux. Les États-Unis ont su remplacer le départ progressif des Européens (Guerre de Cuba, fin du XIXe siècle). La puissance américaine en Amérique à d’abord été économique et géopolitique. Les entreprises américaines sont très actives dans la région qui représente plus de 3% des IDE annuels des États-Unis. Mais les tensions sont maintenant très vives avec un grand nombre de pays sud-américains. Les entreprises investissent de moins en moins en Argentine et au Chili après les années fastes des dictatures militaires. L’alter mondialisme a fait naître dans la région des pouvoirs très hostiles : le Venezuela de Chavez a fait des émules et la « Révolution bolivarienne » s’est propagée dans tous les pays à fort peuplement indien (Équateur, Pérou, Bolivie, Brésil). Le MERCOSUR (Mercado Común del Sur), association du Cône sud, tente de faire pièce aux visées américaines de bâtir un grand espace de libre échange à l’échelle continentale (AFTA). Cependant en Amérique centrale et dans quelques pays de l’Amérique du Sud (Colombie) la présence économique reste très forte. Les forces armées américaines assurent d’ailleurs sous couvert d’action de guerre contre le trafic de drogue ou de mouvements terroristes (FARC) une protection certaine aux régimes amis ou accommodants.
Mais la puissance des États-Unis n’est sans doute jamais aussi spectaculaire qu’à l’échelle mondiale : entrés sur la scène des relations internationales sur le tard (1858) ils y ont fait une entrée fracassante (Première Guerre mondiale 1917, Seconde Guerre mondiale 1939-1945) et durable (Guerre Froide 1947-1991). Aujourd’hui leur modèle séduit des milliards d’hommes (Soft power) comme leur comportement leur vaut la haine de centaines de millions d’autres (Hard power).
L’hyper puissance des États-Unis se manifeste à l’échelle mondiale essentiellement dans les régions à fort intérêt stratégique. Les FTN américaines se sont toujours pensées comme destinées à commercer avec le reste du monde : IBM, Coca Cola, Microsoft ont la planète comme marché. Les pôles de la Triade sont donc naturellement les régions dans lesquelles la présence américaine est manifeste. 10% de leurs IDE sont à destination de la Grande Bretagne (La grande alliée en Europe) dont le régime fiscal et la tolérance en matière comptable ont su attirer les grandes entreprises financières américaines, tandis que la proximité culturelle, linguistique et politique achevait de séduire. Les investissements américains – et partant leurs entreprises et leurs normes – sont destinés aussi à l’Asie orientale (Dont essentiellement la Chine populaire, la Chine nationaliste, la Corée du Sud et le Japon) marché en croissance très forte (Plus de 11% annuels de croissance du PIB de la RPC ces vingt dernières années). Le Moyen orient, fournisseur du pétrole (dont les consommateurs et les industries américains sont si voraces…) est une zone obligée de la présence américaine dans le monde. Les États-Unis savent aussi être absents : l’Afrique n’a jusqu’à aujourd’hui été qu’un élément négligeable de la puissance américaine. L’Afrique vend peu de pétrole aux États-Unis et les consommateurs pauvres au regard des standards américains n’intéressent pas les entreprises. L’élection de Barak Obama dont le père est d’origine kenyane, la volonté de diversifier les fournisseurs d’énergie (Angola, Nigeria) et de se rapprocher des élites musulmanes (Discours du Caire) comme la guerre contre le terrorisme (Conseilleurs militaires en Ouganda) changent un peu la donne. La vitalité et la créativité des États-Unis séduisent bien sûr : 50% des recettes cinématographiques mondiales sont engrangés par les Américains. Leurs produits sont devenus des icônes (Blue Jean, I phone…) et le mode de vie américain (American Way of Life) est devenu une quasi norme mondiale. Cette séduction exercée par le modèle idéologique et économique des États-Unis s’appelle le Soft Power, le « pouvoir doux ».
Mais la puissance américaine s’exerce aussi par la contrainte : cette politique qu’on appelait au XIXe siècle la politique du « gros bâton » ou « de la canonnière » et dont les États-Unis usaient déjà pour s’approprier de nouvelles zones d’influence (Japon du Commodore Perry, guerre aux Philippines et à Cuba) est aussi une arme contemporaine. Les interventions militaires en Afghanistan (2001) puis en Irak (2003) qui faisaient suite aux interventions militaires au Koweït (1991) et en Somalie (1992) montrent que les Américains n’hésitent pas à utiliser les moyens conventionnels de la puissance. Ils se défendent (Afghanistan, 2001) des agressions dont ils peuvent être victimes (Attentats du 11 septembre 2001), soutiennent leurs alliés (Koweït 1991, Kosovo 1994) mais ils servent aussi des intérêts partisans (Aide inconditionnelle à Israël) voire des intérêts égoïstes (Irak, 2003). Parce que cet usage de la force semble souvent motivé par des considérations où la morale occupe une place à géométrie variable, les interventions américaines sont de plus en plus mal perçues (Libye, 2011) même si elles sont réclamées (Syrie, 2012). La force américaine paraît de plus en plus oppressante et illégitime. Et les Américains sont aujourd’hui menacés dans les lieux qui ont fait leur puissance. Les attentats se multiplient en Afghanistan, dans le golfe persique, sur la côte orientale de l’Afrique… Sur les routes pétrolières (Malacca, Sri Lnaka, Adden), sur les marchés émergents (brésil, Inde, Asie orientale) de nouvelles puissances émergent (RPC) et entendent bien s’attribuer ces lieux de pouvoir où la puissance se manifeste et se fabrique.
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Les lieux de la puissance mondiale sans conteste des États-Unis sont multiples et les échelles où se manifeste et où se fabrique cette puissance emboîtées, ce qui donne aux États-Unis leur formidable assise impériale. Les réseaux urbains, les interfaces maritimes continentales et mondiales, les marchés les plus prometteurs ou les régions les plus riches en consommateurs et en ressources…Tels sont les lieux de la puissance des États-Unis. Mais ces lieux aujourd’hui sont disputés par de nouveaux compétiteurs et la présence des Américains y est de plus en contestée voire rejetée.