2de – HISTOIRE (4), Constantin, empereur chrétien et administrateur novateur (306 / 337).
En 312, CONSTANTIN accorde sa confiance au dieu des Chrétiens et remporte la bataille du pont Milvius qui fait de lui le nouveau maître de l’Empire. L’Empire est-il pour autant un empire chrétien ?
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CONSTANTIN est un administrateur. Il fait partie des « empereurs illyriens » dans lesquels ne coule pas une seule goutte de sang romain mais qui, parfaitement romanisés, sont les champions de la défense de la romanité et de l’Empire. DIOCLÉTIEN avait mis en place un système complexe d’administration de l’Empire où deux Augustes et deux Césars se partageaient l’empire en deux (Latin et grec) pour mieux le défendre (Tétrarchie). CONSTANTIN revendique le pouvoir et élimine ses rivaux (Bataille du Pont Milvius, 312 et bataille d’Andrinople, 324). CONSTANTIN rétablit le principe monarchique et autocratique du pouvoir initié par DIOCLÉTIEN : appelé dominus (Maître), les courtisans doivent se prosterner devant l’empereur, embrasser son manteau, il porte un diadème et un manteau de pierres précieuses. L’administration s’est étoffée : l’empire est partagé en provinces, et en diocèses, administrés par des comtes et un questeur du Palais. CONSTANTIN réforme le Sénat, qui passe de 600 à 2 000 membres, plus large et qui recrute chez les notables des provinces. Byzance devient la nouvelle Rome. CONSTANTIN, après 12 ans de travaux, la baptise Constantinople. Il instaure une nouvelle monnaie d’or, le solidus (Qui donnera sol, et sou), ce qui permet de stabiliser l’inflation héritée des temps de guerres.
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CONSTANTIN est-il un empereur chrétien ? Son baptême tardif (327 lors de son agonie) était une pratique courante d’Antiquité tardive. Sa mère, Hélène, était chrétienne. Sa volonté de faire de Constantinople la Rome des Chrétiens incite à penser que la foi de CONSTANTIN était sincère. Ses édits témoignent d’un engagement chrétien : il interdit les supplices, fait du mariage une cérémonie sacrée, impose le repos dominical, interdit la séparation des familles d’esclaves lors des ventes, fait des évêques des juges de paix égaux à ceux des tribunaux civils, interdit la prostitution, permet aux églises de recevoir des héritages des fidèles. Surtout en 313, par son édit de Milan, instaure la liberté religieuse et fait restituer aux communautés leurs biens confisqués pendant les périodes de persécution. En 325, lors du Concile de Nicée, fait adopter le Credo, prière qui résume la croyance chrétienne, et tente de régler les conflits doctrinaux au sein de l’Église (« Symbole de Nicée »). Il fait bâtir des basiliques : Sainte Sophie à Constantinople, Saint-Jean de Latran à Rome, le Saint-Sépulcre à Jérusalem. Par ailleurs, CONSTANTIN reste Grand Pontife, fait frapper des monnaies officielles aux effigies païennes, et refuse les persécutions contre les païens, garant qu’il est de l’unité de l’Empire. Il est donc l’empereur chrétien d’un empire encore polythéiste.
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La christianisation de l’Empire est lente : à la mort de CONSTANTIN 20% des Romains sont chrétiens. Mais dans l’Antiquité tardive les habitants de l’Empire sont plus ou moins acquis au syncrétisme, derrière la figure de Sol Invictus, le soleil invaincu, et Isis, incarnation de la résurrection, et Mithra, né un 25 décembre, mort et ressuscité. Dieu le Père, Marie et Jésus trouvent à s’insérer dans ce métissage des croyances. Insensiblement, les pratiques païennes se christianisent : le jour du soleil invaincu devient Noël par exemple… C’est THÉODOSE (380) qui interdit les cultes anciens, se saisit des biens des temples et marque le début des campagnes de persécution contre les païens. C’est que, depuis CONSTANTIN, tous les empereurs ont été chrétiens, et le Christianisme est devenu la religion des fonctionnaires, avant de devenir celle de l’État. La puissance absolu de Dieu sur le monde correspond mieux au projet impérial que les dieux de la mythologie, fragiles et inconstants. CONSTANTIN met en place le césaropapisme : l’empereur est élu de Dieu, seul il incarne sa volonté, son autorité dépasse donc celle des évêques et des patriarches. De fait c’est autant le paganisme qui percole le christianisme et que christianisme qui christianise le paganisme. Le monothéisme est donc un compromis religieux.
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CONSTANTIN marque une forme de restauration impériale qui trouve dans la doctrine chrétienne une réponse à un chemin spirituel partagé par ses contemporains mais qui y trouve aussi une légitimité pour un exercice du pouvoir devenu très autocratique : c’est le césaropapisme.
© Souleymane ALI YÉRO, Erwan BERTHO & Ronan KOSSOU (2019)
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