2de – HISTOIRE (14), La guerre d’indépendance américaine et l’influence du modèle britannique.
La Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique (1776) en proclamant « lorsqu’une longue suite d’abus […], marque le dessein de […] soumettre au despotisme […] [le peuple a le] devoir de rejeter un tel gouvernement » manifeste l’influence du modèle parlementaire britannique : paradoxalement, c’est l’indépendance des colonies insurgées contre l’Angleterre qui permet de mesurer cette influence politique considérable.
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Le processus d’indépendance des 13 colonies américaines (1776) de l’Angleterre est l’aboutissement d’une longue dégradation des relations entre les colonies et leur métropole. La guerre de Sept ans (1756-1763) entre la France et la Grande-Bretagne fut largement déclenchée par les colons américains qui désiraient étendre à l’Est des monts Appalaches la colonisation. La Grande-Bretagne le refusait et renforça son contrôle économique sur ses colonies : une série de taxes frappa les colonies dont le Tea Act (1773) qui réservait en outre le monopole du commerce aux navires britanniques et exemptait la Compagnie des Indes orientales de toute taxe, ruinant les marchands indépendants américains. Les colons répliquèrent en jetant les caisses de thé anglais à la mer (Boston Tea Party, 1774). La bataille de Lexington (1775) et de Bunker Hill montra que les Insurgés américains étaient capables de combattre des forces régulières anglaises. La Grande-Bretagne dès lors dut engager des forces considérables, près de 50 000 hommes de l’armée régulière, 50 000 loyalistes et des mercenaires allemands furent engagés dans les combats (1775-1782). Jusqu’en 1777, les insurgés furent régulièrement battus par les forces britanniques mais les pertes anglaises étaient souvent supérieures à celles des Américains : ceux-ci adoptèrent des techniques de guérilla apprises lors des guerres indiennes et la lourde logistique anglaise empêchait aux généraux de poursuivre les Insurgés trop loin dans les montagnes.
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La guerre d’indépendance devient vite un champ de bataille entre puissances européennes. En 1777, la France apporta son aide : d’abord par des envois d’armes (Organisé par BEAUMARCHAIS) et de volontaires (Le Marquis de LA FAYETTE) qui venaient renforcer les officiers européens (Allemands comme DE KALB, tué en 1780, et Polonais comme PULASKI, tué en 1779, ou KOSCIUSZKO) venus apporter leur expérience des « guerres en dentelle ». En 1778 la France entre en guerre aux côtés des treize colonies américaines, puis l’Espagne (1779) et les Pays-Bas (1780) rejoignent la coalition. La guerre d’indépendance devient mondiale : bataille navale d’Ouessant (1778), guerre navale en Inde (1781-1783), prise de Minorque (1782) et le blocus de Malte, les places fortes navales anglaises en Méditerranée. La France dépêcha un corps de 6 000 hommes en Amérique et l’artillerie française renforça considérablement la puissance du Congrès des États-Unis. La Marine de guerre finit par couper les forces britanniques de leur source d’approvisionnement et les généraux britanniques dont CORNWALLIS, battu à Yorktown (1781), ne pouvaient effectuer de manœuvre loin des côtes. La guerre avait atteint un coût financier astronomique qui incita les gouvernements anglais et français à ouvrir des négociations qui aboutirent à la reconnaissance de l’indépendance américaine (Traité de Paris, 1783).
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La Déclaration d’indépendance des États-Unis (1776), et la rédaction de la Constitution (1787) puis du Bill of Right (1791) témoignent de l’influence considérable du modèle parlementaire et de sa culture politique en Occident : cependant les États-Unis sont aussi la manifestation des limites et des contradictions de ce modèle. Les droits sont naturels, donc non aliénables ni négociables (« […] Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par leur Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. […] », Préambule de la Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique). Ces droits servent de support à des droits positifs (« […] Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. […] », idem). La Constitution garanti une séparation stricte des pouvoirs (Inspirée des idées développées par MONTESQUIEU dans De l’Esprit des Lois, 1748), tandis que le Bill of Right garanti les droits individuels, en reprenant essentiellement les acquis de l’Habeas Corpus (1679) et de la Déclaration des Droits (1689) britanniques. Mais ces droits ne sont valables que pour les hommes blancs : l’esclavage dont la dénonciation par Thomas JEFFERSON est supprimés par les représentant du 2ème Congrès est maintenu sous la pudique appellation de « Personne astreinte à un travail obligatoire » ! Les germes de la discorde entre le Nord abolitionniste et le Sud esclavagiste sont posés : la crise sera en partie résolue avec la Guerre civile (1861-1865) et par un siècle de lutte pour les droits civiques (Civil Right Act, 1964). Les pauvres même blancs sont exclus du système électoral.
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L’indépendance des États-Unis (1783) montre l’influence, en Occident, des idées des « Lumières » façonnées en Angleterre et en Écosse : mais la persistance de l’esclavage et l’exclusion des pauvres montrent aussi les limites et les contradictions de ce modèle. La question sociale sera la grande question du XIXe siècle (1789-1914).
© Souleymane ALI YÉRO, Erwan BERTHO & Ronan KOSSOU (2020)
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