1ère – HISTOIRE (9), Industrialisation, les oubliés de la croissance. 

1ère – HISTOIRE (9), Industrialisation, les oubliés de la croissance. 

                                La deuxième moitié du XIXe siècle est caractérisée par l’industrialisation de la France et la mise en place d’une véritable « civilisation industrielle » dont la tour Eiffel (1889) est le symbole. Période de transformation rapide, accentuée lors de la « Belle époque » (1896-1914), l’industrialisation a des conséquences économiques, politiques et sociales fortes notamment les oubliés de la croissance : qui sont-ils ?

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                Les paysans sans terre, employés comme ouvriers agricoles, et les tous petits propriétaires sont les premières victimes des transformations économiques, sociales et politiques induites par l’avènement de l’âge industriel. Les régions agricoles les plus pauvres, celles des sols pauvres, des zones de montagnes, de bocage difficilement mécanisable et des zones humides sont aussi reléguées en marge de la croissance économique. La marginalisation touche donc les ruraux pauvres mais aussi les régions rurales les plus pauvres. L’industrialisation du procès agricole qui se marque par la généralisation des intrants chimiques (Engrais, herbicides, pesticides) et la mécanisation du travail agricole qui se marque par l’apparition des machines (Batteuses, moissonneuses) entraînent la paupérisation des paysans dont les terres sont trop petites pour leur permettre ces achats, elles entraînent aussi le chômage pour les ouvriers agricoles devenus superflus. Paysans marginalisés, filles de paysans sans avenir et ouvriers agricoles sans emploi quittent les campagnes pour les banlieues des villes, moyennes ou grandes : c’est l’exode rural. En ville, ils entrent dans l’usine, à des postes subalternes, ou effectuent des métiers de force, comme livreurs de charbons (Les « bougnats » qui viennent souvent d’Auvergne) ou dangereux comme les ramoneurs.

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                Les femmes des villes, les ouvriers sans qualification, les immigrés et les enfants pauvres sont les oubliés de la croissance industrielle. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle se développe le modèle de la grande usine capitalistique. Le domestic-system tant à disparaître. Les ouvriers-artisans du XIXe siècle, propriétaires d’un savoir-faire rare, sont supprimés par la mécanisation, seules des activités de main d’œuvre comme la construction automobile gardent une forte proportion d’ouvriers qualifiés. Femmes sous-payées dans l’industrie textile, ouvriers spécialisés et paysans déracinés, immigrés belges, polonais et italiens constituent une main d’œuvre interchangeable. La classe ouvrière naît de cet amalgame de prolétaires. La durée du travail dépasse 12 heures par jour, le travail des enfants n’est interdit qu’à la fin du XIXe siècle (« […] Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?/Ces doux êtres pensifs, que la fièvre maigrit ?/Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ? […] », Victor HUGO, Les Contemplations, 1856). Les salaires sont fixés par les patrons, il n’existe aucun système de protection sociale en dehors des caisses de solidarité et des politiques d’entreprises (Schneider au Creusot). Les mineurs de fond, astreints à un travail éprouvant et dangereux sont des exploités de la croissance.

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                Pour autant, les luttes et les grèves, l’émergence de syndicats de plus en plus puissants (CGT, 1895) et de partis politiques socialistes tendent à améliorer un peu la condition de certains de ces oubliés de la croissance. L’extrême concentration des prolétaires dans les périphéries des grandes villes et l’avènement des usines géantes permettent aux socialistes et aux chrétiens sociaux de toucher plus facilement les ouvriers et ouvrières pauvres qui se constituent progressivement en une classe sociale active. En France, la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO, 1905) de JAURÈS milite en faveur d’une plus grande protection sociale des ouvriers. L’État est encore violent face aux grévistes, le 1er mai 1891 la troupe tire sur les manifestants ouvriers… Drumont, auteur de La France juive (1886) et directeur du journal nationaliste La Libre Parole accuse les juifs d’avoir fait assassiner des « ouvriers français ». Les juifs deviennent les nouvelles victimes d’une France en mutations et qui cherche des boucs émissaires pour justifier l’appauvrissement de certaines catégories sociales. Mais, patriarcale, cette France trouve encore justifié de priver les femmes de droits politiques et sociaux.

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                La « Belle époque » permet une amélioration de la condition ouvrière : les inégalités sociales sont pourtant très fortes et la condition des plus pauvres, même s’ils sont moins nombreux en 1914 qu’en 1870, reste très dure.

© Souleymane ALI YÉRO, Erwan BERTHO & Ronan KOSSOU (2019, 2020)

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