1ère – HISTOIRE (18), Les impérialismes coloniaux et le choc des puissances.
La colonisation de l’Afrique et de l’Asie au XIXe siècle provoque des tensions vives entre les puissances coloniales : peut-on pour autant dire qu’il s’agit d’un choc des puissances ?
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La colonisation de l’Afrique et de l’Asie au XIXe siècle entraîne des tensions vives entre les puissances. La crise de Fachoda (1898) est emblématique : le capitaine MARCHAND arrive à l’oasis de Fachoda à la tête d’une colonne de conquête destinée à permettre à la France de construire un empire colonial africain jusqu’à l’Océan Indien. Après avoir combattu les nationalistes du Soudan, les Mahdistes, Lord KITCHENER, à la tête d’une armée britannique de plus de dix mille hommes, fait face aux 150 tirailleurs sénégalais. Au milieu d’une flambée inédite de nationalisme chauvin des deux côtés de la Manche, les autorités françaises abandonnent Fachoda, ce qui est vécu comme une humiliation en France. Les tensions sont également vives entre l’Angleterre et la Russie (« Grand jeu » en Afghanistan, 1813-1907), comme en témoignent les romans de Rudyard KIPLING (Kim, 1901), ou au Maroc entre la France et l’Espagne (Crise de Tanger, 1905), puis entre la France et l’Allemagne de Guillaume II (Crise d’Agadir, 1911). Des guerres ont lieu entre puissances : la guerre hispano-américaine (1898) permet aux États-Unis de s’emparer de Cuba et des Philippines, officiellement pour en chasser l’Espagne (Doctrine MONROE, 1823).
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Les puissances coloniales qui s’emparent des territoires et des peuples d’Afrique et d’Asie s’entendent pour un partage du monde et sont complices pour protéger leurs intérêts de puissances impériales. La conférence de Berlin (1885) symbolise cette entente entre puissances coloniales. BISMARCK y réunit les puissances impériales principales (Dont les États-Unis et l’Empire ottoman) pour régler les principaux litiges coloniaux (Comme ceux opposant les Belges et les Portugais au Congo). La conférence établit en outre des règles de colonisation (Liberté de commerce, interdiction de la traite, obligation d’occuper effectivement le terrain pour le revendiquer…). Une vague d’invasion sans précédent suit cette conférence (qui donne le fleuve Niger à la France, Colonne VOULET-CHANOINE, 1898-1899). Les alliances complices entre colonisateurs sont nombreuses : l’alliance franco-britannique pendant la 2ème « guerre de l’opium » (1856-1860) qui conduit à l’ouverture forcée de la Chine au commerce européen et lui fait perdre des villes portuaires, l’alliance entre Européens et Américains contre les Japonais (Bombardement de Shimonoseki, 1864) ou l’alliance internationale contre la révolte des Boxers en Chine (1899-1901).
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Le véritable « choc des puissances » a lieu essentiellement entre puissances européennes et puissances non-européennes, notamment les empires asiatiques et africains eux aussi engagés dans des dynamiques impériales. Le Japon, forcé de s’ouvrir aux influences occidentales (1853), s’industrialise et entame une politique de conquête coloniale : il s’empare de Taïwan (Guerre sino-japonaise, 1894-1895), puis de la Corée (1905). La guerre russo-japonaise (1904-1905) perdue par le Tsar NICOLAS II donne la Mandchourie au Japon. En Afrique de l’Ouest, les armées françaises s’opposent à l’empire du Wassalou de Samori TOURÉ (1887-1898). En Afrique nilotique, les forces anglo-égyptiennes détruisent la Mahdiyah, État théocratique musulman soudanais (1885-1898). En Afrique australe, les Anglais combattent le royaume zoulou (1878-1879), battus à Isandhlwana, ils finissent par vaincre. En Éthiopie, les Italiens sont défaits lors de la bataille d’Adwa (1896) par le Négus MÉNÉLIK II. Les souverains africains et asiatiques ne restent pas inertes face aux envahisseurs occidentaux : ils achètent des armes, voire en font fabriquer (Comme Samori). L’empire ottoman (« L’homme malade de l’Europe ») perd ses possessions européennes sous le coup des nationalismes et des appétits de puissances russes et autrichiens.
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Les impérialismes coloniaux entraînent des tensions ponctuelles entre les puissances occidentales : mais le plus souvent c’est la complicité qui caractérise leurs relations car les puissances s’entendent pour se partager le monde et protéger leurs intérêts. Les empires non-européens ne restent pas inertes : certains sont broyés par la puissance industrielle, d’autres s’occidentalisent pour défaire les puissances occidentales.
© Souleymane ALI YÉRO, Erwan BERTHO & Ronan KOSSOU (2019)
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