DEVOIRS & CORRECTIONS – Composition Terminales ES/L, « Socialisme et mouvement ouvrier en Allemagne de 1875 à 1959. » Corrigé élève

COMPOSITION D’HISTOIRE – Corrigé élève

Socialisme et mouvement ouvrier en Allemagne de 1875 à 1959. 

                Le XIXe siècle marque l’arrivée de l’industrialisation des sociétés européennes. Ce phénomène désigne le passage d’une société rurale et artisanale à une société urbaine et industrielle, c’est-à-dire dans laquelle la production est le résultat d’une mécanisation du processus de production. Ce phénomène de l’industrialisation à entraîné de profondes mutations au sein de la population européenne, dont l’essor d’un monde ouvrier. 

                Le monde ouvrier est confronté à des terribles maux. En effet les ouvriers ont bien souvent des conditions d’existence misérables et des conditions de travail de plus en plus dures au cours du XIXe siècle. C’est dans le but d’améliorer les conditions de vie et de travail des ouvriers que la frange la plus pauvre et la moins qualifiée, le prolétariat, commence à s’organiser, d’où la naissance de mouvements socialistes, dont en Allemagne le Parti Social – Démocrate, le SPD.

                Comment le monde ouvrier allemand s’est-il organisé entre le Congrès de Gotha en 1875 qui marque la naissance du SPD et le Congrès de Bad Godesberg en 1959 qui marque le ralliement du SPD à la démocratie libérale et l’économie de marché ?

                Dans un premier temps, nous verrons la naissance et l’affirmation du SPD de 1875 à 1914, date du déclenchement de la Première Guerre mondiale. De 1919 (Traité de Versailles, avènement de la République de Weimar) à 1945 (Défaite de l’Allemagne à l’issue de la Seconde Guerre mondiale) nous verrons quelles épreuves a traversé le mouvement socialiste et pour finir nous verrons le face à face du socialisme en République Fédérale d’Allemagne (RFA) et du communisme en République Démocratique Allemande (RDA) de 1945 à 1959.

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                                En 1875, le Parti Social – Démocrate (SPD) est créé : il est le fruit de l’union de différentes tendances socialistes dont le Parti Social démocrate des Travailleurs de BEBEL, marxiste, et le Mouvement des Travailleurs Allemands du socialiste LASSALLE.

L’acte fondateur du parti est le « programme de Gotha » (1875) qui est un compromis entre la tendance marxiste et celle plus modérée des socialistes réformistes. Ce compromis est la raison pour laquelle le SPD va faire l’objet de nombreuses critiques, notamment celle de Karl MARX dans sa Critique du programme de Gotha. Ce programme montre au sein du parti l’existence d’un débat qui créé des divisions internes, notamment sur les moyens d’actions à adopter. D’un côté les révisionnistes tels Eduard BERNSTEIN, qui prône l’action démocratique. Les révisionnistes veulent réformer le système capitaliste, améliorer l’existence des ouvriers en élaborant des lois. Tandis que de l’autre côté, les révolutionnaires tels que Rosa LUXEMBOURG sont pour la fin brutale du système capitaliste par la révolution et la dictature du prolétariat.

                Le chancelier d’Empire, Otto von BISMARCK, ancien militaire prussien et héros national depuis l’unification des États allemands (1866-1871), n’aime guère le SPD, en raison de deux attentats perpétrés contre Guillaume Ier, Empereur du IIe Reich, par des sympathisants socialistes. BISMARCK fait accuser le SPD. Il rend le parti illégal et jette en prison ses principaux dirigeants. Il met par ailleurs en place des lois antisocialistes (1879). Parallèlement il fait voter des lois en faveur des ouvriers dans les années 1880’ telles que celle sur l’assurance maladie, les accidents du travail et l’assurance chômage, dans le but de maintenir le calme au sein du monde ouvrier. Ces lois sociales sont les prémices de l’État-Providence. Le chancelier interdit aux ouvriers de s’exprimer à travers le SPD.

Mais en 1890, Guillaume II accède au pouvoir et décide de rompre progressivement avec la politique de BISMARCK dont il se sépare finalement. Il permet le retour sur la scène politique du SPD. Le SPD rattrape son retard, créé une véritable contre-société à la société bourgeoise allemande et encadre la vie de ses sympathisants et de ses militants avec des associations, des journaux, des théâtres, etc. Cette stratégie est un succès : le SPD envoie de plus en plus de députés socialistes au Reichstag et en 1912 il est devenu le premier parti d’Allemagne avec 110 députés élus.

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                               Avant le début du premier conflit mondial, le SPD est parvenu à s’affirmer et à devenir le premier parti politique d’Allemagne. Mais la guerre va permettre aux tensions internes qui existaient au sein du SPD de refaire surface.

                Le SPD est en majorité favorable à l’entrée en guerre, comme l’illustre la déclaration d’Hugo HAASE, le 3 août 1914. Il affirme dans un élan de patriotisme qu’il est primordial de protéger la nation allemande contre les ennemis et en particuliers contre le « despotisme russe ». C’est dans ce sens que le SPD vote les crédits de guerre et forme « l’Union sacrée » avec les autres partis politiques. Sauf qu’au sein du parti cette attitude est contestée par une forte minorité comme l’illustre les Lettres de Spartakus de Rosa LUXEMBOURG (1916), où Rosa LUXEMBOURG considère le vote des crédits de guerre comme une trahison en faveur des capitalistes car pour elle la guerre ne sert pas les intérêts du prolétariat. Cette protestation (1916-1917) conduit à la division du parti et à la création de l’USPD avec pour tête de file Rosa LUXEMBOURG et Karl LIEBKNECHT.

La fin de la Première Guerre mondiale (1918-1919) sonne la défaite de l’Allemagne et ainsi marque la fin de l’Empire et l’avènement de la République de Weimar. En 1918 l’USPD devient le Parti Communiste Allemand (KPD) et passe sous les ordres de Moscou, car LÉNINE, au pouvoir en Russie depuis octobre 1917, exige la centralisation. La Russie est un pays communiste depuis la révolution d’octobre 1917 menée par les bolcheviks. Un an plus tard (1919) le KPD tente de reproduire le modèle de prise du pouvoir russe et de prendre le pouvoir par la force. Mais il est arrêté dans sa tentative de révolution et les militants communistes sont massacrés par l’armée sous les ordres du SPD. On nomme cet événement la « semaine sanglante » qui scelle la rupture entre le KPD et le SPD. Après la répression, le SPD se fait le défenseur de la démocratie contre les monarchistes, les Nazis et le KPD. Il devient alors pleinement un parti de gouvernement et donne les premiers présidents (Friedrich EBERT) et chanceliers socialistes à l’Allemagne. Il continue également les réformes dans le but d’améliorer l’existence des ouvriers (Vote des femmes, nationalisation de certains secteurs industriels).

La crise de 1929 qui s’est manifestée au départ aux États-Unis par un krach boursier (Effondrement de la valeur des actifs financiers) touche l’Allemagne qui va à nouveau connaître une importante inflation. Cette crise affaiblit la puissance du SPD et conduit à la montée en force des extrêmes dont les Nazis. La division du KPD et du SPD favorise également cette montée du parti d’extrême droite qui arrive finalement au pouvoir en 1933. Le 1er janvier 1933, Adolf HITLER devient chancelier et, au lendemain de son élection, il supprime progressivement les partis politiques. Les militants et les cadres du SPD et du KPD s’exilent à l’étranger (Ceux du SPD en France, aux États-Unis et dans les pays scandinaves, ceux du KPD en URSS). Ceux qui restent sont persécutés et enfermés dans les camps de concentration (Dont le premier est Dachau) puis exécutés. Il y a une résistance intérieure au régime nazi mais elle est inefficace dans un régime totalitaire, où Adolf HITLER cumule tous les pouvoirs de chef de l’État et de chancelier et où il a supprimé toutes les libertés publiques.

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                               La fin de la Première Guerre mondiale aboutit à une scission au sein du SPD et la création du KPD. Cette rivalité perturbe l’Allemagne et conduit à la victoire des Nazis en 1933. À la fin de la Seconde Guerre mondiale (1945), ces partis politiques interdits par les Nazis peuvent désormais effectuer leur retour.

                À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne est coupée en deux. À l’Est elle est sous l’influence des troupes soviétiques et à l’Ouest sous celles des troupes américaines, anglaises et françaises. En mars 1949, les Américains, les Anglais et les Français qui ont unifié leur zone créent la République Fédérale d’Allemagne (RFA). En octobre 1949 les Soviétiques à l’Est créent la République Démocratique Allemande (RDA).

                En RFA s’installe un système démocratique et libéral qui permet le retour des partis politiques ainsi que celui des syndicats. Le SPD est de retour sur la scène politique. Le SPD connaît des débuts difficiles qui s’expliquent par la présence d’une droite puissante (CSU-CDU) mais aussi par le fait que SPD s’attache toujours à la doctrine marxiste. Le SPD reste donc dans un premier temps un parti d’opposition. Mais en 1959 au Congrès de Bad Godesberg le SPD abandonne la doctrine marxiste et adopte les valeurs morales et philosophiques du libéralisme économique (Propriété privée, économie de marché…). C’est un tournant décisif dans la politique menée par le SPD car cette décision doit lui permettre de mieux s’intégrer en RFA et conquérir un nouvel électorat (Employés dans le secteur tertiaire, classe moyenne…). Le monde ouvrier commence son déclin avec l’automatisation des tâches et la désindustrialisation.

                De l’autre côté du « Rideau de fer » en RDA c’est le SED, né de l’union imposée par Staline entre le SPD d’Allemagne de l’Est et le KPD, qui dirige seul le pays. Il collectivise l’économie, met en place les plans quinquennaux et dirige par la terreur à l’aide de sa police politique. Ce régime est détesté et des formes de contestations ouvrières apparaissent (Berlin, 1953) mais elles sont réprimées.

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                               En conclusion nous pouvons rappeler que dès 1912 le SPD peut enfin s’affirmer malgré les réticences de BISMARCK mais les deux guerres mondiales ont divisé le parti conduisant à la création du KPD, puis du pays en deux États chacun dirigé par l’un des deux partis, SPD en RFA, KPD-SED en RDA. Il faut attendre la chute du « mur de Berlin » (1989), l’unification au sein de la RFA (1990) pour voir (1998) un gouvernement SPD diriger l’Allemagne unifiée.

© Matricule 206 (2015)

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