Corrigé élève
COMPOSITION
Croissance et mondialisation : les économies – monde successives (britanniques, américaine, multipolaire) depuis le début du XIXe siècle.
Vous montrerez comment s’est ébauchée progressivement la mondialisation libérale des économies qui dessine aujourd’hui l’économie monde contemporaine ?
L’économie-monde contemporaine n’est autre que le résultat de l’histoire des économies-monde depuis l’industrialisation. Nous nous demanderons alors comment se sont succédées et établies les différentes économies-monde qui sont à l’origine de celle d’aujourd’hui. Pour répondre à cette question nous nous pencherons dans un premier temps sur l’économie-monde britannique, puis sur l’économie-monde américaine pour enfin déboucher sur l’économie-monde contemporaine, qui est multipolaire.
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L’économie-monde britannique domine le XIXe siècle (1815-1914). C’est la première économie capitaliste, libérale et industrielle à atteindre un rayonnement mondial.
Son idéologie libérale est l’un des piliers de cette économie libérale. En effet, l’idéologie libérale qui prône les impôts faibles, des frontières libres (Comme lors de l’accord franco-anglais) et l’abolition des péages intérieurs (1846), ce qui favorise les échanges commerciaux des industriels. Cependant cette idéologie est aussi à l’origine d’un budget de l’État faible qui est contraint de n’assurer que des missions régaliennes. C’est un État gendarme. Ce système nuit souvent à la classe ouvrière, souvent plongée dans une profonde misère que DICKENS nous décrit d’ailleurs dans ses romans, comme Oliver Twist par exemple.
L’industrialisation et ses colonies constituent chacune aussi un pilier important de cette puissance britannique. L’économie-monde britannique fait sentir sa puissance à l’échelle mondiale. Elle alimente son dynamisme économique et commercial en puisant dans les ressources venant du monde entier. Nous pouvons prendre pour exemple l’Inde, devenue l’une de ses colonies après la décolonisation américaine (1776-1782). Le coton y est cultivé et ensuite exporté dans les filatures anglaises. Une fois le produit manufacturé, celui-ci est revendu en Grande-Bretagne d’abord, puis en Europe et enfin dans le reste du monde. En Inde, la destruction des métiers à filer et à tisser traditionnels en bois obligent les Indiens à acheter les cotonnades anglaises. L’économie-monde britannique se sert de ses colonies comme carburant pour assurer son dynamisme commercial.
La monnaie britannique constitue le troisième pilier de la puissance britannique. La Banque d’Angleterre possédant des grands stocks d’or, la Livre Sterling (£) devient une valeur sûre et s’impose comme la monnaie d’échange mondiale. Londres devient alors l’hyper-centre de cette économie-monde britannique de rayonnement planétaire. Mais, malgré ces atouts, l’économie-monde britannique, comme l’ensemble de l’Europe, s’effrite et s’effondre entre les deux guerres mondiales, et laisse place progressivement à l’économie-monde américaine.
L’économie-monde américaine domine le monde pendant le deuxième XXe siècle (1945-1975). Elle s’affirme à l’issue des deux guerres mondiales (1914-1919 et 1939-1945). Elle s’affaiblit ensuite, remplacée par une économie-monde multipolaire (1975- début du XXIe siècle).
En effet à l’issue de la Première Guerre mondiale (1914-1919), les États-Unis deviennent les créanciers du monde. La Seconde Guerre mondiale détruit les sociétés et les économies d’Europe et d’Asie. Sous l’impulsion de ROOSEVELT (1932-1945), les États-Unis adoptent le modèle keynésien de relance de la croissance de l’économie par la consommation. La Guerre Froide (1947-1991) permet de diffuser le modèle capitaliste libéral américain. Les États-Unis mettent en place (1947) le plan MARSHALL d’aide aux alliés, ce qui permet en outre aux États-Unis de passer en douceur d’une économie de guerre à une économie de paix grâce aux commandes des pays européens. Les accords internationaux qui fondent le Fonds Monétaire International (FMI, 1944), l’Organisation des Nations Unies (ONU, 1945) et le Système Monétaire International (SMI, Brettons Wood, 1944) assurent la position prééminente de l’économie-monde américaine.
Pendant les « Trente Glorieuses » (1945-1975), l’économie-monde américaine est à son apogée. L’Europe copie le Welfare State (État providence) keynésien (Mise en place de la Sécurité Sociale en France en 1945). L’American Way of Life se diffuse dans le monde. Cependant, dans les années soixante-dix, l’économie-monde américaine s’affaiblit petit à petit : le dollar est d’abord détaché de sa parité-or (1972-1976), les « Chocs pétroliers » (1973-1974 et 1979) renchérissent le coût de la vie et rendent les industries américaines moins compétitives que leurs consœurs asiatiques.
Aujourd’hui, il n’est plus question d’une seule économie-monde : l’économie est devenue multipolaire. Aux côtés des Pays Anciennement Industrialisés (PAI) situés en Amérique du Nord (États-Unis, et de manière moins claire le Canada et le Mexique), en Europe de l’Ouest et en Asie de l’Est (Japon, Corée du Sud, Taïwan, Territoire autonome de Hong Kong, Singapour), se sont greffés de nouveaux pays émergents : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud (BRICS).
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L’économie-monde contemporaine est le produit de la succession sur deux siècles des économies-monde britannique puis américaine : aujourd’hui les pôles de croissance et de diffusion des richesses sont répartis sur tous les continents.
© Rebecca BONEF (2014).